Collision entre deux trains à Buenos Aires, une trentaine de blessés
Une trentaine de personnes ont été hospitalisées, deux d'entre elles dans un état grave, après la collision vendredi d'un train de banlieue à Buenos Aires avec une rame d'entretien, ouvrant un début de polémique sur un "définancement" dans les chemins de fer publics.
Les deux blessés graves, souffrant de traumatisme crânien, ont été évacués par hélicoptère, a précisé à la presse sur les lieux de l'accident le responsable des services d'urgence (SAME), Alberto Crescenti. "Il n'y pas de morts", a assuré à ses côtés le maire de Buenos Aires, Jorge Macri.
Selon la compagnie publique Trenes Argentinos (TA), un train de passagers de sept wagons est entré en collision avec la rame d'entretien comprenant une locomotive et un wagon de matériel, sur un viaduc ferroviaire du quartier de Palermo, peu après 10H30 locales (13H30 GMT). Sous l'impact, "la locomotive et le premier wagon de passagers ont déraillé", a indiqué TA dans un communiqué.
Le ministre des Transports Franco Mogetta pour sa part fait état de 60 personnes blessées, dont une trentaine légèrement atteintes qui n'ont pas nécessité d'hospitalisation.
Les secours et pompiers ont procédé à l'évacuation de tous les passagers en une quarantaine de minutes, a souligné M. Macri.
"Quand on est arrivé sur place, les gens étaient choqués, mais il n'y avait pas de cris, rien", a déclaré à l'AFP sur place Facundo Gomez, major de la police de Buenos Aires.
- "Multiples hypothèses" -
Des images aériennes montrent un wagon en partie éventré, incliné contre la rambarde métallique du pont ferroviaire qui passe au-dessus d'une avenue. Sans qu'il soit clair s'il s'agissait d'un wagon de passagers ou du wagon technique.
Le choc "était très fort. J'ai entendu le fracas des deux voitures entrant en collision", a indiqué sur la chaîne TN une passagère du dernier wagon. "Une personne a été projetée contre la portière, de nombreuses personnes projetées au sol".
"Nous sommes vivants par miracle !" s'est écrié un passager qui aussitôt après le choc s'est penché par la fenêtre pour filmer les trains, images relayées par plusieurs télévisions.
"Pour l'heure, il n'y a pas suffisamment d'information sur les causes de l'accident", a souligné Jorge Macri. Le ministre Mogetta a évoqué pour sa part de "multiples hypothèses", aucune privilégiée à ce stade.
Des techniciens et experts de police scientifique étaient encore sur les voies plusieurs heures après l'accident.
L'enquête étudie notamment s'il y a "une question de signalisation", tant du côté de la rame technique qui travaillait sur une voie, que du train de passagers, a dit M. Mogetta. Il a aussi évoqué des plaintes "de vols de câble" que l'enquête devra vérifier.
Le dirigeant du syndicat des conducteurs de trains La Fraternidad, Omar Maturano, a dénoncé de son côté un "définancement" de Trenes Argentinos. "Il y a des vols de câbles de signalisation. Ca fait dix jours qu'on demande des réparations, mais il n'y pas de pièces de rechange, pour la signalisation, ou pour les trains. On nous dit qu'il n'y a pas de budget".
Cette "dégradation de l'entreprise" suggère selon lui la volonté de baisser sa valeur, pour attirer le secteur privé en vue d'une cession, ou de concessions. Trenes Argentinos fait partie d'une dizaine d'entreprises d’État fléchées par le gouvernement ultralibéral de Javier Milei pour une privatisation, partielle ou totale.
"On n'est pas pour la privatisation, mais pas contre la concession. Que le capital privé vienne, mette l'argent dans l'infrastructure, pour que les trains fonctionnent comme il se doit !", a déclaré M. Maturano sur Radio 10.
A.Fallone--PV