Le 77e Festival de Cannes s'ouvre, un cinéaste iranien appelle au secours
A quelques heures de la cérémonie d'ouverture, qui réunit les grands noms du 7e art, le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof, qui vient de fuir clandestinement l'Iran pour un lieu tenu secret en Europe, a imploré le cinéma mondial d'apporter un "soutien fort" aux réalisateurs menacés.
Condamné à plusieurs années de prison dans son pays, il dit "craindre pour la sécurité et le bien-être" des équipes restées en Iran de son dernier film, "Les graines du figuier sauvage", sélectionné au dernier jour de la compétition le 24 mai, à la veille du palmarès.
Rasoulof sera-t-il en mesure de se rendre à Cannes ? Son avocat assurait lundi à l'AFP que oui, le festival l'espère, et y travaille avec le Quai d'Orsay. Mais rien n'est garanti à ce stade, soulignent le réalisateur et son producteur Jean-Christophe Simon, dans un communiqué.
Difficile d'imaginer une cérémonie d'ouverture qui ne fasse pas référence à sa situation.
Le sujet des violences sexuelles devrait aussi être abordé, sept ans après la chute du producteur américain Harvey Weinstein, et cinq mois après la prise de parole marquante, en France, de Judith Godrèche.
- "Combat" -
La comédienne, qui a accusé les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon de viols dans son adolescence, présentera mercredi un court métrage "Moi aussi", réalisé en hommage aux victimes.
"Son combat à Judith Godrèche, elle en fait un geste cinématographique, (...) pas un combat personnel", a souligné mardi le délégué général du Festival, Thierry Frémaux, sur France Inter.
A Cannes, la maîtresse de cérémonie Camille Cottin a promis à l'AFP de ne pas oublier "les remises en question profondes" du métier.
"Il va y avoir des prises de paroles de personnalités fortes, puissantes, des femmes puissantes qui vont, elles aussi, porter une parole et qui sont des invitées importantes de cette cérémonie".
Si aucune des personnalités invitées n'a fait l'objet de mises en cause publiques, neuf femmes ont accusé, la plupart anonymement, le producteur Alain Sarde, qui a produit des films de Bertrand Tavernier ou Jean-Luc Godard, de les avoir violées ou agressées sexuellement, révélait le magazine Elle lundi.
Le Festival de Cannes tout comme le site d'investigation Mediapart ont en revanche démenti les rumeurs persistantes d'une "liste" de personnalités du cinéma mises en cause pour ce type de faits.
"Il n'y a pas deux choses séparées, le festival d'un côté et tout ce qui se passe autour", a estimé Camille Cottin, faisant également référence au mouvement social des petites mains du Festival, qui demandent moins de précarité et protestent contre le durcissement du régime d'assurance chômage.
- "Queen Meryl" -
A quelques heures des crépitements des flash et des signatures d'autographes, le tapis rouge a été déroulé mardi matin sous la pluie avant d'accueillir des stars comme Meryl Streep, qui recevra une Palme d'or d'honneur.
La comédienne aux 21 nominations aux Oscars, connue pour ses rôles du "Choix de Sophie" (1982) à "Sur la route de Madison" (1995) en passant par "Le Diable s'habille en Prada" (2006), reste rare sur la Croisette.
Elle y croisera Greta Gerwig, qui l'a fait tourner dans "Les filles du docteur March" (2019).
Greta Gerwig, devenue la première réalisatrice à engranger plus d'un milliard de dollars de recettes avec "Barbie", fera ses premiers pas de présidente du jury cannois, entourée entre autres d'Omar Sy, Eva Green et Lily Gladstone.
Ils seront rejoints par le quatuor du film d'ouverture "Le deuxième acte", qui sort en même temps en salles: Léa Seydoux, Louis Garrel, Vincent Lindon et Raphäel Quenard.
Quentin Dupieux les a réunis pour une comédie sur le cinéma qui appuie là où ça fait mal, du politiquement correct à la menace de l'intelligence artificielle.
E.Magrini--PV