"Petit Châtelet" au nord de Paris, la gare de Saint-Denis-Pleyel prête à ouvrir
Quelques coups de balai, un dernier passage d'autolaveuse, et la gare de Saint-Denis-Pleyel, terminus nord du prolongement de la ligne 14 du métro parisien et future plaque tournante du Grand Paris Express, sera prête, juste à temps pour les Jeux olympiques.
"C'est un petit Châtelet au nord de Paris", sourit Mathieu Mallet, directeur de projet chargé de la construction de la gare, soulagé de livrer à temps l'édifice.
Lorsqu'il a pris en main le dossier en septembre 2021, il restait à peine trois an pour boucler le chantier. Une contrainte qui lui a donné des sueurs froides, confie-t-il. A partir de mercredi prochain et du passage de la commission de sécurité, le chantier démarré en 2017 sera officiellement terminé.
Alors il présente fièrement "la plus grande, et pour moi la plus belle" des futures 68 gares du Grand Paris Express en Ile-de-France. La station, qui plonge à 28 mètres de profondeur, a été conçue par l'architecte japonais Kengo Kuma, qui a dessiné le Nouveau stade national de Tokyo, hôte des derniers Jeux olympiques.
A l'intérieur, l'architecture toute en verre, métal et surtout lames de bois de chêne apporte "une acoustique feutrée", souligne Mathieu Mallet.
Dans la salle d'échange, qui distribuera les flux de voyageurs vers la 14 mais aussi les lignes 15, 16 et 17 dans quelques années, une verrière située à une vingtaine de mètres de hauteur fait entrer la lumière naturelle.
- Connexion facile -
Cette gare à l'architecture grandiose a coûté entre 300 et 350 millions d'euros, selon Bernard Cathelain, membre du directoire de la Société des grands projets (SGP, ex-Société du Grand Paris), maître d'oeuvre du chantier. Le budget total du prolongement de la 14 - qui ira jusqu'à l'aéroport d'Orly au sud - est lui évalué à 2 milliards d'euros.
"A partir de Pleyel, on aura en 2030-2031 une connexion facile avec les principaux points de la région parisienne", se réjouit M. Cathelain.
Dès 2026, ce seront les lignes 16 et 17 qui permettront de rejoindre Clichy-Montfermeil et la gare du Bourget. Puis fin 2030, l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle sera accessible grâce au prolongement de la 17.
Même chose pour la 15, cette ligne circulaire et longue de 75 kilomètres qui traversera 45 communes d'Ile-de-France, dont l'arrivée est prévue en 2031.
A terme, on attend 250.000 voyageurs par jour à Saint-Denis-Pleyel, gare la plus fréquentée de ce nouveau réseau en construction.
Dans un premier temps, l'inauguration du prolongement de la ligne 14 est attendue pour la fin du mois de juin, un petit mois avant les JO. Ce sera la seule infrastructure de transport livrée à temps par rapport à ce qui était promis dans le dossier de candidature, à l'inverse du Charles de Gaulle Express - qui doit relier l'aéroport à Paris sans arrêt en 20 minutes d'ici 2027 désormais - et les premières portions des lignes 16 et 17.
- Gentrification -
Surtout, son ouverture est capitale dans le cadre des Jeux olympiques, car la gare de Saint-Denis-Pleyel desservira le village des athlètes mais aussi le stade de France et le centre aquatique olympique grâce au "franchissement urbain Pleyel".
Cette passerelle, reliée à la gare et inaugurée ce jeudi, doit permettre de franchir à pied l'un des plus larges faisceaux ferroviaires au monde, constitué de 48 voies - et le plus fréquenté d'Europe -, pour rejoindre le Stade de France en 10 ou 15 minutes au lieu d'une demi-heure actuellement au prix d'un long détour.
L'émergence de la gare est un jalon supplémentaire dans la transformation radicale de ce quartier au sud de la ville populaire de Saint-Denis. A deux pas, un hôtel quatre étoiles de 40 étages s'apprête à ouvrir dans la gigantesque tour Pleyel, rénovée après avoir été longtemps laissée à l'abandon.
Au-dessus de la gare, un vaste espace culturel de 5.000 m2 doit émerger d'ici 2026-2027. Sans compter les nombreux logements neufs et bureaux sortis de terre sur un territoire qui est l'objet d'une transformation accélérée, mais qui subit aussi le revers de la médaille illustré par la gentrification et l'exode des classes populaires.
E.Magrini--PV