Affaire Jegou et Auradou: les Bleus entre "sidération" et "traumatisme"
L'arrestation en Argentine des deux jeunes joueurs du XV de France, Oscar Jegou et Hugo Auradou, accusés d'agression sexuelle qu'ils nient, "a été vécue comme un traumatisme", selon le sélectionneur des Bleus Fabien Galthié.
"Pour le groupe, pour la délégation, ça a été vécu comme un traumatisme, une forme de sidération quand on a appris les nouvelles et lorsque la police a débarqué à l'hôtel à Buenos Aires. Ça a été une journée très difficile, très, très dure. Un moment très difficile à vivre", a dit le sélectionneur lors d'une conférence de presse à Montevideo à la veille d'un match amical face à l'Uruguay.
Le deuxième ligne de Pau Hugo Auradou, 20 ans, et le troisième ligne de La Rochelle Oscar Jegou, 21 ans, sont en garde à vue à Buenos Aires et doivent être transférés mercredi pour être entendus à Mendoza (centre-ouest), lieu de l'agression présumée où les Français ont disputé samedi leur premier match de leur tournée face à la sélection argentine.
A Mendoza, "nous y présenterons des preuves en faveur des joueurs, des preuves que nous avons, concrètes, et la justice de Mendoza décidera alors de libérer ou non les joueurs", a indiqué à l'AFP leur avocat, Rafael Cuneo Libarona.
Des sources policières anonymes ont déclaré à l'AFP que les joueurs avaient rencontré la victime présumée dans un bar à la suite du match. Après quelques verres, la jeune femme aurait été prise de vertiges et emmené à l'hôtel, lieu de son agression présumée.
Dans un communiqué publié mardi, la Fédération française de rugby a indiqué que le président de la FFR Florian Grill et son vice-président Jean-Marc Lhermet avaient rencontré les deux joueurs.
"Ces derniers ont confirmé avoir eu dans la nuit une relation sexuelle avec la jeune femme mais ont fermement nié toute forme de violence", a précisé l'instance.
Fabien Galthié a lui tenu à rappeler que "la première des choses, c'est de nous adresser à la victime, nous avons une pensée pour la victime", avant de souligner: "le cadre de vie, je le répète, c'est un travail qu'il faut consolider au quotidien, sans relâche. Répéter et travailler sans concession sur le respect des règles, du savoir-vivre en société et de la liberté".
La procureure générale de Mendoza (centre-ouest) avait plus tôt indiqué que "la déposition (de la victime présumée) était assez longue, complète, détaillée et correspondait, pour l'heure, aux conclusions médico-légales".
"Les lésions sont compatibles avec le récit de la victime, mais pas nécessairement exclusivement issues d'une agression sexuelle", a ajouté la magistrate qui a demandé le placement en détention provisoire des deux joueurs.
Selon le porte-parole du parquet de Mendoza, Martin Ahumada, Hugo Auradou et Oscar Jegou pourraient encourir jusqu'à 20 ans de prison.
- "Laisser l'enquête" -
Tout juste arrivé mardi à Buenos Aires, Florian Grill, qui devait accompagner les Bleus de Fabien Galthié pour Montevideo, a affirmé à l'AFP qu'il restait dans la capitale argentine pour "gérer" l'affaire.
"Il y a une enquête en cours. Le fait que nous soyons là avec Jean-Marc (Lhermet, NDLR) est une bonne chose. On pourra accompagner et faciliter cette enquête", avait affirmé un peu plus tôt Grill à quelques journalistes, dont l'AFP.
"Si les faits sont avérés, ils sont incroyablement graves. Il faut avoir une pensée pour la jeune femme. C'est à l'inverse de tout ce que le rugby est, de tout ce que le rugby fait, de tout ce que le rugby construit (...) mais il faut laisser l'enquête, qui est nécessaire, se dérouler", avait-il ajouté.
"Si l'enquête établit les faits reprochés, ils constituent une atrocité sans nom. Pensée pour la victime", a écrit Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des Sports, sur le réseau social X.
Florian Grill a précisé que "pour le moment, la poursuite de la tournée" n'était pas remise en cause. Le XV de France, avec un groupe très largement rajeuni et sans ses cadres, doit à nouveau défier les Pumas samedi à Buenos Aires.
L'arrestation de Jegou et Auradou est intervenue au lendemain de la mise à l'écart de la tournée et du renvoi en France de l'arrière Melvyn Jaminet, après des propos racistes dans une vidéo publiée dimanche et dont il s'est ensuite dit "profondément désolé et honteux".
Des propos qualifiés par la FFR de "totalement inacceptables et contraires aux valeurs fondamentales de notre sport".
Pour Fabien Galthié, il est "difficile aujourd'hui d'adresser un message dans ces conditions, nous devons jouer, porter le maillot, continuer à traverser cette période difficile".
G.Riotto--PV