Pallade Veneta - Guinée: verdict attendu dans le procès historique du massacre au stade de Conakry

Guinée: verdict attendu dans le procès historique du massacre au stade de Conakry


Guinée: verdict attendu dans le procès historique du massacre au stade de Conakry
Guinée: verdict attendu dans le procès historique du massacre au stade de Conakry / Photo: Cellou BINANI - AFP/Archives

La justice guinéenne rend mercredi son verdict dans le procès historique du massacre du 28 septembre 2009 au stade de Conakry en Guinée, "un moment de vérité" pour les victimes et leurs familles qui attendent cette décision depuis près de 15 ans.

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Ce jour-là, au moins 156 personnes ont été tuées, par balle, au couteau, à la machette ou à la baïonnette, et des centaines blessées dans la répression d'un rassemblement de l'opposition dans un stade de Conakry et ses environs, selon le rapport d'une commission d'enquête internationale mandatée par l'ONU. Au moins 109 femmes ont été violées.

Les exactions ont continué plusieurs jours contre des femmes séquestrées et des détenus torturés dans ce qui est considéré comme l'un des épisodes les plus sombres de l'histoire contemporaine de la Guinée.

Et les chiffres réels sont probablement plus élevés.

"Ce procès est d'une importance capitale pour moi. Je souhaite que ces militaires paient le prix fort avec des condamnations à la hauteur de leur forfaiture", déclare à l'AFP Kadiatou Sow, qui affirme avoir été violée dans le stade et les jours qui ont suivi, et dit avoir perdu son époux dont le corps n'a jamais été retrouvé.

"Nous avons les yeux braqués sur le président de la Cour. On attend vraiment la vérité et toute la lumière lors de ce verdict", souligne Asmaou Diallo, présidente de l'association des victimes, parents et amis du 28-Septembre-2009.

Le procès, ouvert à la date anniversaire du 28 septembre 2022, a passionné les Guinéens. Il a été diffusé quotidiennement à la télévision guinéenne et sur Youtube.

Le capitaine Moussa Dadis Camara, qui dirigeait la junte à cette époque, et ses co-accusés répondent d'une litanie de crimes d'assassinats, violences sexuelles, actes de torture, enlèvements et séquestrations.

- Crimes contre l'humanité -

Le procureur a requis la réclusion criminelle à perpétuité contre lui et six autres accusés, ainsi que la requalification des faits en crimes contre l'humanité.

Les juges ont indiqué qu'ils ne se prononceraient sur la demande de requalification des accusations qu'au moment du verdict.

Les avocats de la défense ont plaidé pour des acquittements et fait valoir que rendre une décision de reclassement au moment du verdict violerait le droit à un procès équitable des accusés, les laissant sans possibilité de se défendre contre les nouvelles accusations.

Les accusés et les parties civiles ont le droit de faire appel dans un délai de 15 jours. Le parquet a deux mois pour faire appel.

"Ce verdict constitue un moment de vérité tant attendu pour les victimes et leurs familles", a déclaré Tamara Aburamadan, conseillère juridique auprès du programme Justice internationale de Human Rights Watch.

Les victimes ont longtemps réclamé un procès, jusqu'à finir par douter de sa tenue. Les choses se sont accélérées en juillet 2022 lorsque le colonel Mamadi Doumbouya, lui-même porté au pouvoir par un putsch en septembre 2021, a demandé qu'il ait lieu la même année pour la date anniversaire des faits.

Il s'est tenu dans un contexte de répressions vis-à-vis de l'opposition et des médias. Mardi, des manifestations ont paralysé une partie de Conakry pour protester contre la "disparition forcée" d'Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah, deux responsables du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), un mouvement citoyen qui réclame le retour des civils au pouvoir en Guinée. Les autorités nient toute arrestation et disent n'avoir aucune nouvelle des deux hommes.

Les partenaires internationaux et les défenseurs des droits humains ont souligné le caractère historique de ce procès, le premier du genre dans un pays dirigé pendant des décennies par des régimes autoritaires, où l'impunité de forces de sécurité quasiment intouchables a été érigée en "institution", selon la commission d'enquête internationale.

L.Bufalini--PV