Pollution de l'eau: Thames Water risque 104 millions de livres d'amende
Le régulateur britannique de l'eau, Ofwat, envisage une amende de 168 millions de livres contre trois compagnies d'eau au Royaume-Uni, au premier rang desquelles Thames Water, pour avoir déversé massivement des égouts dans des cours d'eau ou sur le littoral.
Thames Water, qui approvisionne notamment Londres et sa région en eau, paierait 104 millions de livres, Yorkshire Water 47 millions et Northumbrian Water 17 millions pour la première volée de sanctions proposées par Ofwat à l'issue de sa "plus grosse enquête jamais menée", selon un communiqué du régulateur publié mardi.
Le secteur britannique de l'eau est en crise en raison de sous-investissements dans un système d’égouts qui date largement de l'époque victorienne. Des valves de débordements sont prévues pour un déversement d'urgence dans la mer et les cours d'eau lors d'orages mais ont été de fait utilisées largement et au-delà de leur vocation première.
Cela se traduit par une pollution du littoral et des cours d'eau par des rejets massifs d’égouts à travers le pays et les autorités britanniques sont sous pression depuis plusieurs années pour y remédier.
Ofwat estime à l'issue de son enquête que les trois entreprises ont "manqué de s'assurer que les décharges d'eau usées non traitées depuis les valves de débordement n'arrivaient que de manière exceptionnelle", ou n'ont "pas modernisé leurs actifs", entre autres.
Ces sanctions doivent encore faire l'objet de consultations, précise le régulateur.
Criblée de dettes et en grande difficulté financière, Thames Water est la plus grande compagnie d'eau du Royaume-Uni, desservant 15 millions de clients à Londres et dans la vallée de la Tamise.
Elle est détenue par un consortium d'actionnaires dont les fonds de pension canadien Ontario Municipal Employees Retirement System et britannique Universities Superannuation Scheme.
L'autorité britannique de l'eau l'avait placée en juillet sous surveillance, tandis que le gouvernement travailliste promettait de réformer un secteur "en crise".
La situation précaire du groupe alimente depuis des mois les spéculations sur la nécessité d'un potentiel très coûteux plan de sauvetage public si l'entreprise ne parvient pas à trouver les financements privés dont elle a besoin.
"Il est bon de voir ce secteur délinquant finalement payer le prix pour des années de pollution", estime l'ONG écologiste Greenpeace, ajoutant qu'il est à présent "vital qu'Ofwat mette en place une interdiction des dividendes et des bonus chez ces pollueurs en série".
"Le gouvernement devrait donner son plein soutien à des ressources additionnelles aux régulateurs" et "reconnaitre que la privatisation de ces industries cruciales a échoué", conclut l'ONG.
B.Cretella--PV