Pallade Veneta - Rédoine Faïd, braqueur "mégalo" et roi de l'évasion

Rédoine Faïd, braqueur "mégalo" et roi de l'évasion


Rédoine Faïd, braqueur "mégalo" et roi de l'évasion
Rédoine Faïd, braqueur "mégalo" et roi de l'évasion / Photo: Benoit PEYRUCQ - AFP/Archives

"Mégalo", "mythomane", "intrépide": le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd, 49 ans, est une figure du grand banditisme français, surtout connu comme le roi de l'évasion.

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Surnommé "l'écrivain" par les policiers, Rédoine Faïd prétend dans son autobiographie "Braqueur, des cités au grand bantidisme" (2010), s'inspirer des grands gangsters du cinéma comme "Thief" de Michael Mann.

Il raconte aussi avoir pris "Scarface" de Brian de Palma "en pleine gueule". "On a été le voir dix fois au cinéma. On connaissait toutes les paroles".

Faïd naît en 1972 et grandit dans une cité HLM à Creil, dans l'Oise. Son père part vivre en Algérie, quittant sa mère, malade. Le décès de celle-ci semble choquer Rédoine Faïd.

Divorcé, lui-même n'a pas d'enfant mais est beau-père.

Il est surtout le dernier d'une fratrie de dix enfants et est très proche de son frère Rachid.

Au cours de son interrogatoire de mise en examen, ce grand frère citera Plutarque pour toute déclaration: "Un frère est un ami donné par la nature qui ne peut ni fuir, ni faillir".

Pour Rédoine, l'enfance est le temps des premiers larcins : à six ans, "des confiseries" dans un centre commercial, s'amuse-t-il dans son livre. Il commence les braquages vers sa majorité. Spécialité: attaques de fourgons blindés.

Condamné en 2002 et 2003 à deux peines de réclusion criminelle pour des braquages, il purgera plus de dix ans de prison, avant de sortir au printemps 2009 en libération conditionnelle.

"Repenti" autoproclamé, il devient cadre commercial à Paris, entre plusieurs apparitions sur les plateaux TV.

- Fusillade mortelle -

Jean-François Maugard, ancien commandant de la brigade de répression du banditisme (BRB) qui a croisé sa route à partir de 1998, le qualifie de "braqueur qui se regarde braquer", avec "une vision onirique, fantasmée du braquage".

Mais Rédoine Faïd est interpellé en juin 2011 près de Lille et incarcéré pour violation des conditions de cette liberté conditionnelle.

Il venait alors d'échapper à une série d'interpellations quelques mois plus tôt dans le cadre de l'enquête sur la fusillade qui avait coûté la vie à une policière municipale, Aurélie Fouquet, en 2010 à Villiers-sur-Marne, et qui lui vaudra une condamnation en appel en avril 2018 à 25 ans de réclusion criminelle.

Trois mois après ce verdict, il s'enfuit par hélicoptère sous le nez de ses gardiens à Réau (Seine-et-Marne), à l'aide de complices encagoulés équipés de meuleuses mais aussi de fusils d'assaut.

Il est finalement arrêté après trois mois de cavale dans sa ville natale de Creil, après avoir utilisé une burqa couvrant tout le corps, pour se déplacer sans être reconnu.

Cette spectaculaire échappée lui vaut un renvoi aux assises, avec ses dix complices présumés, a appris l'AFP jeudi de source proche de l'enquête.

"Il a souvent bien préparé ses évasions, elles étaient spectaculaires, mais il a toujours loupé ses cavales", affirme un commissaire de police, ancien chef de l'Office central de lutte contre le crime organisé.

L'homme est présenté comme "un manipulateur", "mégalo" par une source policière, tandis qu'une ancienne responsable du centre pénitentiaire de Réau a indiqué aux enquêteurs qu'"il ne générait pas d'incident" et était "poli, courtois".

- Sortie en 2046 ? -

Au moment même de son évasion, Faïd apparaît d'ailleurs "très serein, marchant calmement", selon un surveillant alors en poste le 1er juillet 2018.

Déjà, en 2013, il s'était évadé en moins d'une demi-heure de la prison de Sequedin (Nord), utilisant quatre surveillants comme boucliers humains, avant d'être repris six semaines plus tard en région parisienne.

Aujourd'hui, Rédoine Faïd est à l'isolement à Fleury-Mérogis. Il y reçoit, une fois par mois au parloir, les visites de son "ami" Yazid Kherfi, ex-braqueur devenu médiateur.

"Il est solide, il se lève tôt le matin, il me dit +moi je m’accroche je ne me suiciderai pas, je fais du sport, je m’entretiens, je lis beaucoup de livres+", de philosophie notamment, soutient-il à l'AFP.

"Je pense que lors de son procès, il va dire au juge qu’il était au parloir tranquille et puis on est venu le chercher", prédit Yazid Kherfi.

Avant même le verdict de la cour d'assises, sa sortie de prison est prévue pour septembre 2046.

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E.Magrini--PV