Zelensky promet des "représailles" à la Russie, le jour de l'indépendance de l'Ukraine
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a promis des "représailles" à la Russie pour son invasion de l'Ukraine et promulgué la loi interdisant l'Église orthodoxe ukrainienne liée à Moscou ce samedi, jour où son pays célèbre son indépendance de l'Union soviétique.
Les forces ukrainiennes ont porté le 6 août les combats sur le sol de leur adversaire en lançant une offensive d'une ampleur sans précédent dans la région russe frontalière de Koursk. Elles s'y sont emparées de dizaines de localités, tandis que les troupes russes continuent d'avancer dans le Donbass, l'est ukrainien.
La Russie voulait "nous détruire" mais la guerre est "revenue chez elle", a déclaré M. Zelensky à ses compatriotes dans une vidéo enregistrée dans une zone forestière de la région de Soumy, la zone frontalière d'où Kiev a lancé son offensive surprise en Russie.
Kiev "surprend une fois de plus", a affirmé M. Zelenky, promettant que la Russie "va savoir ce que sont des représailles".
En lançant son invasion au printemps 2022, "la Russie ne cherchait qu'une chose: nous détruire. Au lieu de cela, nous célébrons aujourd'hui la 33e Fête de l'Indépendance de l'Ukraine", a-t-il poursuivi.
Le président ukrainien a ajouté: "Quiconque veut semer le mal sur notre terre en récoltera les fruits sur son propre territoire. Il ne s'agit là ni d'une prédiction, ni d'une fanfaronnade, ni d'une vengeance aveugle. Ce n'est que justice."
Il a qualifié le président russe Vladimir Poutine de "vieil homme malade de la Place Rouge qui menace constamment tout le monde avec le bouton rouge" nucléaire.
Depuis plusieurs jours, Moscou agite la menace d'une catastrophe nucléaire en cas d'attaque de l'armée ukrainienne sur la centrale nucléaire de Koursk, située à une cinquantaine de kilomètres des positions ukrainiennes dans cette région. M. Poutine a assuré que l'Ukraine avait essayé de frapper le site.
- "Se libérer" de la tutelle russe -
M. Zelensky a pris part samedi aux célébrations officielles de l'indépendance sur la place Sainte-Sophie à Kiev, aux côtés du président polonais Andrzej Duda et de la Première ministre lituanienne Ingrida Simonyte, deux soutiens majeurs de son pays.
Il a affirmé que les forces ukrainiennes avaient testé avec succès un nouveau missile. "Aujourd'hui, la première utilisation réussie de notre nouvelle arme, le missile drone Palianytsia, a eu lieu", a déclaré le président ukrainien, remerciant ses concepteurs.
M. Zelensky a également promulgué la loi interdisant la branche de l'Église orthodoxe ukrainienne dépendante du patriarcat de Moscou, qui fut longtemps la principale confession du pays.
Cette branche a coupé les ponts avec Moscou en 2022 mais les autorités ukrainiennes la considèrent toujours comme sous influence russe et ont multiplié les poursuites judiciaires à son encontre, provoquant l'emprisonnement de dizaines de prêtres.
Si cette Eglise est en perte d'influence face à la nouvelle Eglise orthodoxe ukrainienne indépendante fondée en 2018, elle conserve toujours des milliers de paroisses à travers le pays. Selon un sondage réalisé en 2023 par l'Institut international de la sociologie de Kiev, 66% des Ukrainiens étaient favorables à une telle interdiction.
"Les orthodoxes ukrainiens font aujourd'hui un pas pour se libérer des démons de Moscou", a assuré Volodymyr Zelensky.
- Aux portes de Pokrovsk -
Si l'offensive militaire ukrainienne déclenchée le 6 août dans la région russe de Koursk reçoit beaucoup d'attention car elle porte les hostilités sur le sol de l'assaillant, l'épicentre des combats demeure dans la région industrielle ukrainienne du Donbass (Est), où l'armée russe a l'avantage.
Les forces russes s'y approchent notamment de Pokrovsk, important noeud logistique et ville de quelque 53.000 habitants appelés par les autorités à évacuer d'urgence. Elles se trouvaient vendredi à moins de dix kilomètres de cette agglomération.
Les autorités ukrainiennes ont affirmé que leur offensive en Russie visait à créer une "zone tampon" contre les bombardements, à forcer Moscou à des négociations "équitables" et à pousser l'armée russe à redéployer des forces depuis d'autres parties du front.
Depuis le début de cette opération, plus de 130.000 personnes ont fui les combats et bombardements dans la région de Koursk, selon les autorités. Au moins 31 civils ont été tués et 143 blessés, d'après un bilan partiel de l'agence de presse d'Etat russe TASS.
Cette offensive ukrainienne ne semble toutefois pas avoir ralenti la progression russe dans l'est de l'Ukraine, où les forces de Moscou se sont emparées cette semaine de village après village.
A.dCosmo--PV