Procès des viols de Mazan: comment les enquêteurs ont identifié les agresseurs de Gisèle P.
Analyse de factures téléphoniques, logiciel de reconnaissance faciale: le commissaire en charge du dossier des viols de Mazan a détaillé mercredi le long et fastidieux travail des enquêteurs pour retrouver les agresseurs de Gisèle P., abusée par des dizaines d'inconnus recrutés par son mari sur internet.
Après avoir recensé quelque 200 viols sur la victime, entre juillet 2011 et octobre 2020, la plupart par son mari lui-même, les enquêteurs ont finalement dressé une liste de 72 individus restant à identifier, a expliqué devant la cour criminelle du Vaucluse le commissaire divisionnaire Jérémie Bosse Platière, désormais directeur de la police interdépartementale (DIPN) des Hautes-Alpes.
A ce moment-là, 50 hommes sont formellement identifiés, en plus du mari. Ces 50 hommes âgés de 26 à 74 ans jugés depuis lundi et jusqu'au 20 décembre, à Avignon, au côté de Dominique P., 71 ans. Tous risquent jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle.
Le travail de la police judiciaire a été fortement facilité par les milliers de photos et vidéos prises par le mari, enregistrées sur un disque dur puis méticuleusement décrites et classées dans un dossier "abus". Avec un sous-dossier pour chaque homme venu violer son épouse.
"Une liste va alors être dressée pour chaque individu en fonction du nom du dossier", précise le commissaire. Objectif: identifier "Chris le pompier", "Quentin", "Gaston" ou "David le Black".
En parallèle, les policiers se servent des nombreuses traces laissées par les innombrables échanges téléphoniques et les conversations en ligne entre le mari et les agresseurs de son épouse.
"On va partir des numéros de téléphone (sur les factures téléphoniques de Dominique P.) et regarder à chaque date s'il y a un lien entre l'appel passé et les faits retrouvés" sur les images retrouvées, indique M. Bosse Platière.
Dominique P. avait également bloqué de nombreux contacts sur ses téléphones, éveillant les soupçons des enquêteurs. "C'est inhabituel, on voit qu'un grand nombre de contacts sont bloqués, et on pense que dans le lot des gens seraient concernés" par les viols, poursuit le policier.
Pour remonter aux identités de ces hommes, les enquêteurs sollicitent les opérateurs téléphoniques, "un travail qui va s'étaler sur quasiment deux années".
Une autre méthode consiste à extraire les images retrouvées et à s'aider de la reconnaissance faciale via un logiciel utilisé par la police nationale: "A partir de l'extraction de la photo, cela va nous donner un taux de ressemblance. Cela va nous permettre d'identifier un tiers des auteurs", explique Jérémie Bosse Platière.
S.Urciuoli--PV