Birmanie: des habitants tentent de venir en aide aux victimes des inondations
Des habitants se sont pressés dimanche pour aider les victimes des régions inondées en Birmanie après le passage du typhon Yagi qui a déjà fait 74 morts et 89 personnes disparus, ont rapporté les médias d'Etat dimanche.
Selon les chiffres officiels, les inondations et les glissements de terrain consécutifs à ce typhon, qui a frappé la région le week-end dernier, ont tué près de 350 personnes en Birmanie, au Vietnam, au Laos et en Thaïlande.
Le bilan établi vendredi soir par les autorités fait état de 74 morts et 89 disparus, a indiqué le quotidien Global New Light of Myanmar. Le précédent était de 33 morts et de plus de 235.000 personnes contraintes de quitter leur domicile.
Un homme a raconté à l'AFP comment, à l'aide de cordes, il a tenté le ler septembre de sauver des personnes prises au piège par la montée des eaux qui ont atteint quatre mètres dans la ville de Kalaw, dans l'Etat de Shan, situé au centre du pays.
"Le courant était très fort et certains bâtiments ont même été détruits", a-t-il expliqué, affirmant avoir vu des meubles emportés par les flots.
"Je pouvais voir au loin des familles prises au piège, debout sur les toits de leurs maisons", se souvient cet homme qui travaille pour une ONG locale. "J'ai entendu dire qu'il y avait 40 corps à l'hôpital".
Une femme d'affaires de Rangoun qui dirige une entreprise à Kalaw a indiqué à l'AFP que, selon ses employés, près de 60 personnes sont mortes dans la ville.
La junte n'a pas précisé combien sur les 74 personnes décédées dans les inondations se trouvaient à Kalaw.
A une trentaine de kilomètres de là, au lac Inle, très touristique, le niveau des eaux a atteint le deuxième étage des maisons sur pilotis, selon un habitant venu aider sa famille à évacuer.
- Villages submergés -
Dans certaines zones proches du lac, "des villages entiers ont été submergés", a-t-il témoigné dimanche auprès de l'AFP, en demandant à rester anonyme.
"Les anciens disent que c'est le niveau d'eau le plus élevé qu'ils aient jamais vu", a-t-il ajouté.
Selon lui, les habitants ont "perdu des aliments comme le riz et le sel" et "les gens boivent l'eau de pluie".
Des voitures et des camions transportant des volontaires ont afflué vers le nord depuis le centre de Rangoun pour atteindre les zones sinistrées de Taungoo dans la région de Bago et autour de la capitale Naypyidaw, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Les véhicules étaient chargés de palettes d'eau en bouteille, de vêtements et de nourriture séchée et certains transportaient des bateaux sur leur toit.
"Nous voulons aider tous ceux qui en ont besoin en ce moment. C'est pourquoi nous nous sommes arrangés pour nous rendre dans la zone inondée", raconte une femme en route pour Taungoo.
"Nous avons apporté de la nourriture, de l'eau et quelques vêtements".
- Terres agricoles inondées -
Les routes et les ponts étant endommagés et des lignes téléphoniques et internet coupées, il est difficile de réunir des informations sur la situation.
Les rivières Sittaung et Bago, qui traversent le centre et le sud du pays, étaient toutes deux encore au-dessus des niveaux dangereux dimanche, selon les médias d'Etat.
Cette catastrophe aggrave la misère en Birmanie qui a basculé dans une crise humanitaire, sécuritaire et politique depuis le coup d'Etat de février 2021 contre le gouvernement élu d'Aung San Suu Kyi. Plus de 2,7 millions d'habitants ont été obligés de quitter leur maison en raison du conflit civil en cours.
Le bureau météorologique thaïlandais a mis en garde dimanche contre de nouvelles précipitations abondantes dans les provinces situées le long du Mékong.
Les autorités vietnamiennes ont fait état dimanche d'un nouveau bilan s'établissant à 281 morts et 67 disparus.
Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a demandé samedi de l'aide internationale pour faire face à ces inondations, une démarche rare, le pouvoir ayant entravé par le passé l'aide humanitaire en provenance de l'étranger.
L'an passé, il avait suspendu les autorisations de voyage de membres d'ONG qui tentaient de venir en aide au million de victimes du cyclone Mocha, dans l'ouest du pays.
Samedi, le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (UNOCHA) en Birmanie et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont déclaré à l'AFP ne pas être en mesure, pour le moment, de faire de commentaires au sujet de la demande de la junte.
Les scientifiques affirment que le changement climatique rend la mousson, qui s'abat sur l'Asie du Sud-Est de juin à septembre, encore plus forte et plus irrégulière.
M.Romero--PV