"C'était une étoile": marche blanche pour Lilian Dejean, l'employé municipal tué à Grenoble
"Lilian, c'était une étoile, il brillera toujours pour nous": un millier de personnes ont participé dimanche à Grenoble à une marche blanche en hommage à l'employé municipal tué par balle il y a une semaine par un homme toujours en cavale.
Organisée par la famille de la victime, la marche est partie peu après midi du boulevard Jean Pain, où s'est déroulé le drame, à deux pas de la mairie de Grenoble. Avant le départ du cortège, Jean-Marc Dejean, l'un des frères de la victime, a remercié l'assistance et souhaité que la marche se déroule "dans la bienveillance et la tranquillité".
Rappelant que Lilian exerçait le métier d'agent de propreté, il a invité les participants à se munir des pinces, gants et sacs poubelles distribués par ses collègues pour "ramasser un ou deux déchets sur la route" pendant la marche. "Je pense que là où il est, (Lilian Dejean) aurait aimé aussi qu'on rende sa ville propre, au propre comme au figuré", a-t-il ajouté.
Environ un millier de personnes (selon la préfecture), arborant des fleurs, des portraits ou encore des messages écrits sur des panneaux de carton étaient présentes, dont de nombreux élus, comme le maire écologiste de Grenoble Eric Piolle.
Nombre d'entre-elles se sont prêtées au jeu de ramasser les déchets, allant débusquer mégots et papiers gras tout au long du parcours, jusqu'à une première halte dans les locaux de la propreté urbaine, où Lilian Dejean travaillait et où des roses rouges et blanches ont été déposées devant son bureau.
"Il y a tellement de souvenirs. C'est dur", a lâché l'un de ses collègues au micro, Romain Laurens. "Je n'arrive pas à m'y faire, je ne vais plus le voir", a-t-il dit, très ému.
"Ce qui vient de se passer, ça aurait pu être chacun d'entre nous ici. Nous sommes tous aussi Lilian, ça il faut le savoir", a lancé de son côté une connaissance de Lilian, se présentant sous le prénom de Cheick.
"C'est toute la ville qui aurait dû sortir. Ce problème de violence n'est pas que le travail du maire, c'est le travail de tout un chacun", s'est-il insurgé, évoquant sa "colère et son indignation" face à la série d'épisodes violents qui affectent la ville depuis plusieurs mois.
- "Gardez le meilleur" -
La marche s'est ensuite dirigée vers le quartier populaire du Village olympique, au sud de Grenoble, où Lilian avait grandi, s'arrêtant à son ancien club de foot, l'Usvo Football Grenoble. Lilian "était un grand sportif", a rappelé son autre frère, Lichouki Dejean.
"C'était une étoile, les étoiles brillent dans le ciel, il brillera toujours pour nous (...) Parlez des bonnes choses qu'il faisait, continuez de parler de mon frère, ça le fait vivre et gardez le meilleur", a-t-il poursuivi. Un lâcher de ballons et un match de foot lui ont ensuite été dédiés.
L'employé municipal est décédé peu après à l'hôpital. Sa mort a suscité une immense émotion parmi ses collègues et les habitants, qui lui avaient rendu de vibrants hommages dès le lendemain du meurtre.
Sa dépouille a été remise à sa famille cette semaine par les enquêteurs et devrait être portée en terre mercredi en Guadeloupe.
- Connu de la justice -
Le meurtrier présumé, âgé de 25 ans, dont une pièce d'identité avait été retrouvée dans la voiture accidentée qu'il a abandonnée sur place, est activement recherché depuis une semaine. Aucune garde à vue n'a été réalisée, selon le parquet.
Une information judiciaire a été ouverte pour "meurtre sur une personne chargée d'une mission de service public", "blessure involontaire" "aggravée par la vitesse et le délit de fuite", et "détention d'armes de catégorie B".
Le suspect est connu de la justice notamment pour "vols, violences et trafic de stupéfiants" et pour avoir roué de coups, avec cinq codétenus, un autre prisonnier à la maison d'arrêt de Varces (Isère) en juin 2023.
Le drame est intervenu dans un contexte de tensions dans la métropole alpine. Depuis le début de l'année, une vingtaine d'épisodes de violence par arme à feu ont été recensés sur le territoire et les autorités n'hésitent plus à parler de "guerre des gangs".
Le dernier en date s'est déroulé dans la nuit de samedi à dimanche, quand deux hommes ont été blessés, dont l'un très grièvement, par des tirs à la kalachnikov à Fontaine, commune limitrophe de Grenoble.
U.Paccione--PV