Aux Etats-Unis, l'ouragan Hélène prend un tour politique
L'ouragan Hélène et son cortège de désolation dans le sud-est des Etats-Unis attisent les flammes lundi d'une campagne présidentielle acrimonieuse, les démocrates rejetant les accusations républicaines sur leur gestion d'une catastrophe qui a causé la mort de près de 110 personnes.
Tandis que les secouristes tentent de retrouver des survivants et d'apporter des vivres aux habitants frappés par les inondations, les coupures d'électricité et des réseaux téléphoniques, les routes bloquées et les torrents de boue, Joe Biden a pris lundi matin la parole pour défendre la réponse de son gouvernement face au désastre.
"Nous allons continuer à apporter des ressources, dont de la nourriture, de l'eau, des équipements de télécommunications et de sauvetage", a déclaré le président américain à la Maison Blanche. "Comme je l'ai déjà dit, je le répète, nous serons là aussi longtemps que nécessaire pour terminer le travail".
Le camp républicain reproche à l'administration Biden de ne pas intervenir suffisamment pour aider les sinistrés.
"J'étais aux commandes, j'ai passé au moins deux heures au téléphone hier, de même que la veille", a rétorqué Joe Biden en réponse à une question des médias sur ces accusations. Il a répété qu'il se rendrait sur place une fois que sa visite ne perturberait plus les opérations de secours.
Donald Trump, arrivé lundi dans une zone sinistrée de Géorgie, a directement accusé l'Etat fédéral et celui de Caroline du Nord, aux mains des démocrates, de "ne délibérément pas aider les gens dans les zones républicaines", dans une publication sur son réseau Truth social.
La vice-présidente démocrate Kamala Harris a annoncé qu'elle se rendrait sur place prochainement et tient lundi une réunion sur le sujet à Washington. "Nous viendrons en aide à ces communautés aussi longtemps que cela prendra pour s'assurer qu'elles puissent se relever et se reconstruire", a-t-elle lancé dimanche.
- Violence très loin des côtes -
Hélène a touché terre jeudi dans le nord-ouest de la Floride en tant qu'ouragan de catégorie 4 sur une échelle de 5, soufflant des vents à 225 km/h. En progressant vers le nord, l'ouragan a perdu en intensité jusqu'à être reclassé en tempête mais a laissé derrière lui d'immenses dégâts.
Les inondations soudaines dans le sud des montagnes des Appalaches ont provoqué les destructions les plus impressionnantes. Les images des environs d'Asheville, en Caroline du Nord, montrent ici des quartiers rayés de la carte, là des routes détruites par une rivière en crue. Faute d'accès par la route, les autorités y envoient secours, eau et denrées alimentaires par les airs.
Loin des montagnes et de ses autoroutes dévastées, dans le sud de la Géorgie, "il y a juste quelques commerces ouverts, avec des stocks limités. Je suis inquiet pour les familles avec enfants", a dit à l'AFP Steven Mauro, un habitant de Valdosta, la ville où se rend Donald Trump lundi.
"Cet ouragan, c'était comme une tornade de 400 kilomètres de large", a déclaré Brian Kemp, le gouverneur de Géorgie, soulignant son caractère "sans précédent".
- Réchauffement climatique -
Au total, Hélène a fait au moins 108 morts.
En Caroline du Nord, l'Etat le plus touché, le bilan s'élève à au moins 39 morts, dont 30 dans le seul comté de Buncombe où se situe Asheville. Au moins 25 personnes ont par ailleurs péri en Caroline du Sud, 25 en Géorgie, 14 en Floride, quatre dans le Tennessee et une en Virginie, selon un bilan compilé par l'AFP à partir des déclarations d'autorités locales.
Faute de réseau téléphonique dans de nombreuses zones, quelque 600 personnes manquent encore à l'appel, selon Joe Biden. Lundi matin, plus de 1,5 million de clients étaient encore privés d'électricité, d'après le site poweroutage.us.
Après s'être formé dans le golfe du Mexique, Hélène s'est déplacé au-dessus d'eaux particulièrement chaudes. "Il est probable que ces eaux très chaudes aient joué un rôle dans l'intensification rapide" de l'événement, a souligné la climatologue Andra Garner, pour l'AFP.
En réchauffant les eaux des mers, le changement climatique rend plus probable l'intensification rapide des tempêtes et augmente le risque d'ouragans plus puissants, selon les scientifiques.
E.Magrini--PV