Violences à Amsterdam: 18 mois de prison ferme requis pour avoir battu des supporteurs israéliens
Le parquet d'Amsterdam a requis mercredi deux ans de prison, dont six mois avec sursis, contre un homme soupçonné d'avoir battu des supporteurs de football israéliens durant une nuit de violences qualifiées d'antisémites par de nombreux gouvernements occidentaux.
L'homme, identifié par le tribunal d'Amsterdam comme Sefa Ö., est le second de cinq suspects, âgés de 19 à 32 ans, à comparaître mercredi face à un panel de trois juges. Deux autres suspects doivent comparaître jeudi.
Sefa Ö. est notamment accusé d'avoir pourchassé, poussé et frappé plusieurs supporteurs israéliens.
Dans la salle d'audience, dans laquelle une membre de sa famille, inquiète, suivait la comparution, des images de plusieurs bagarres dans le centre d'Amsterdam ont été diffusées.
Dans la nuit du 7 au 8 novembre, des supporteurs de l'équipe du Maccabi Tel-Aviv ont été pourchassés et battus dans les rues de la capitale néerlandaise. Cinq personnes se sont retrouvées brièvement hospitalisées à l'issue de ces attaques, qualifiées d'antisémites par les Pays-Bas et plusieurs pays occidentaux.
Dans l'une des vidéos, un homme identifié comme Sefa Ö. est vu au milieu d'un groupe en train de donner des "tapes dans le dos" à d'autres personnes, semblant "réguler le trafic", selon le procureur général. Sur d'autres images, le même homme apparaît en train de donner des coups de pied à un homme déjà au sol dans une rue étroite du centre d'Amsterdam.
"Je regrette énormément d’avoir été là", a déclaré Sefa Ö, voûté et regardant ses mains. "Ma femme est enceinte. Pour ma famille et mes parents, j’ai décidé de m’associer dorénavant avec de bonnes personnes", a ajouté l'homme, en garde à vue depuis qu'il s'est rendu de son propre chef à la police.
"Dans ce cas, il n'y a aucune preuve d'un lien organisé, d'une intention terroriste, et la violence n'était pas motivée par un sentiment antisémite. La violence a été influencée par la situation à Gaza, et non par l'antisémitisme," a estimé le parquet.
Selon la police, les tensions étaient vives avant le match de football. Des slogans anti-arabes ont été scandés par des supporteurs israéliens, qui ont également vandalisé un taxi et brûlé un drapeau palestinien.
- Jugement le 24 décembre -
Six mois de prison dont trois mois en liberté conditionnelle ont été requis contre un premier suspect comparu plus tôt. Le procureur général a jugé qu'il y avait des preuves que Lucas D., 19 ans, était responsable d'actes de violence, notamment des jets de pierre sur la police, en plus de posséder illégalement des feux d'artifice.
Le tribunal a déclaré qu'il rendra son jugement le 24 décembre.
Après la comparution de Lucas D., le procureur général a déclaré que le 8 novembre, "les Pays-Bas se sont réveillés face à une tempête qui a attiré l'attention internationale."
"La violence n'avait pas grand-chose à voir avec le football", a-t-il ajouté.
La police a déclaré qu'elle enquêtait sur au moins 45 personnes en lien avec les violences.
"Des accusations ont également été portées contre des supporters du Maccabi, qui ont eu un comportement provocateur avant le match", a déclaré le ministère public néerlandais dans un communiqué.
- Polarisation -
Plus tard mercredi, un homme de 22 ans originaire de la région d'Eindhoven, dans le sud du pays, comparaîtra pour répondre de l'accusation la plus grave dans ces affaires, celle de tentative d'homicide involontaire, a indiqué le ministère public.
Outre les sept suspects qui comparaissent cette semaine, au moins six autres personnes doivent répondre d'accusations en lien avec les violences survenues ce soir-là et lors des jours suivants.
Trois de ces suspects sont mineurs et leurs affaires seront entendues à huis clos.
Les violences de novembre à Amsterdam se sont produites dans un contexte de polarisation en Europe, avec une montée des actes antisémites, anti-israéliens et islamophobes depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza en octobre 2023.
Les événements à Amsterdam ont choqué les Pays-Bas et suscité un débat sur la polarisation dans le pays.
A.Rispoli--PV