Mayotte, encore meurtrie après Chido, va vivre son second cyclone en moins d'un mois
L'archipel de Mayotte, placé sous alerte rouge depuis samedi 22H00 locales (20H00 à Paris), affronte dimanche la tempête tropicale Dikeledi, moins d'un mois après le passage dévastateur du cyclone Chido.
Les 320.000 habitants du département le plus pauvre de France ont été invités à se mettre à l'abri "dans une habitation solide" ou dans un des 79 centres d'hébergement d'urgence (écoles, MJC, mosquées...) mis en place dans toutes les communes de l'archipel.
La population a été appelée à constituer des stocks d'eau et de nourriture pour "tenir le temps du cyclone", a exhorté la préfecture.
Durant toute la durée de l'alerte, toute circulation est interdite hormis pour les secours et les personnes autorisées.
Après avoir atteint la côte nord-est de Madagascar samedi après-midi, le cyclone a commencé à s'affaiblir pour être rétrogradé au stade de forte tempête tropicale, avec des rafales de vent pouvant atteindre sur mer les 130 km/h, selon Météo-France. Mais Dikeledi devrait reprendre graduellement de la vigueur quand il quittera les terres.
A 05H56 locales (03H56 à Paris), la tempête se trouvait à 260 km des côtes sud-est de l'archipel, se déplaçant à une vitesse de 22 km/h.
Après un passage par le canal du Mozambique, Dikeledi doit passer à un peu plus de 100 km au sud de Mayotte au stade de tempête tropicale dimanche après-midi avant d'être de nouveau classé cyclone tropical lundi en cours de journée.
"Par la suite, il va continuer de s'intensifier en atteignant possiblement le stade de cyclone tropical intense en effectuant un virage vers le sud puis le sud-est en début de semaine prochaine, plus ou moins proches des côtes africaines ou malgaches", précise Météo-France dans son dernier bulletin.
Sur les Comores, de fortes pluies sont attendues dans la journée et sur le Mozambique, "même si la tendance est à un virage du système un peu plus au centre du canal, c'est un système mature qui pourrait s'approcher des côtes de la province de Nampula" lundi, selon Météo-France. Fortes pluies, vents forts et état de mer dangereux avec des submersions marines sont ainsi "possibles".
En attendant, "une importante dégradation pluvieuse et venteuse" est "attendue dans les prochaines heures" dans l'archipel mahorais, pouvant générer crues soudaines, inondations et glissements de terrain.
Des rafales pouvant atteindre 80 à 90 km/h sont "possibles", notamment sur la partie sud de l'île. Un état de mer dangereux, notamment sur le lagon ouest, pourrait aussi accompagner cette dégradation avec un risque de submersion marine.
Le trafic des barges (ferrys locaux) a été mis à l'arrêt depuis samedi 19H00 locales. L'aéroport international Marcel-Henry a lui fermé ses portes à 16H00 samedi, et ce jusqu'à nouvel ordre.
- "Très inquiet" -
Quelque 645 personnels de la Sécurité civile sont pré-positionnés dans des lieux stratégiques de l'archipel pour intervenir le plus rapidement possible à l'issue de l'alerte cyclonique afin de "porter secours, évaluer les dégâts et assister les populations", a indiqué la Sécurité civile.
Le ministre des Outre-Mer Manuel Valls a assuré à l'AFP que "rien n'(était) laissé au hasard" pour assurer la sécurité des Mahorais.
"On est très inquiet vu ce qui s'est passé la première fois", a cependant confié samedi Ali Ahmed, un habitant de Mamoudzou, à une correspondante de l'AFP sur place.
Des images diffusées sur la chaîne TV Mayotte-La 1ère montraient des familles se ravitaillant dans les magasins, notamment en packs d'eau.
"On s'assure d'avoir tout à la maison", a expliqué samedi après-midi Mohamed à la correspondante de l'AFP, avant d'être confiné.
Chido a causé des dommages colossaux faisant au moins 39 morts et plus de 5.600 blessés, détruisant de très nombreuses habitations précaires et en dur du 101e département français.
Les cyclones se développent habituellement dans l'océan Indien de novembre à mars. Cette année, les eaux de surface sont proches de 30°C dans la zone, ce qui fournit plus d'énergie aux tempêtes, un phénomène de réchauffement climatique observé également cet automne dans l'Atlantique nord et le Pacifique.
D.Bruno--PV