Scandale dans les Ehpad: le groupe Orpea perquisitionné
Le siège d'Orpea et les directions régionales du groupe étaient perquisitionnés mercredi dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de maltraitance institutionnelle et d'infractions financières dans ses établissements pour personnes âgées dépendantes.
Dès 9H00, une dizaine de gendarmes de la Section de recherche de Versailles et de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP) ont fait leur entrée au siège de l'entreprise à Puteaux (Hauts-de-Seine), a constaté une journaliste de l'AFP.
La direction d'Orpea a confirmé à l'AFP qu'une perquisition était "en cours" au siège et dans ses directions régionales. Environ 200 gendarmes étaient mobilisés pour ces opérations, selon une source proche du dossier.
Après la révélation des perquisitions, l'action Orpea a chuté de près de 5% à la Bourse de Paris.
Selon une autre source proche de l'enquête, ces perquisitions visent à "effectuer des vérifications" dans l'enquête ouverte en avril par le parquet de Nanterre, après un signalement du gouvernement à la suite de la publication du livre "Les Fossoyeurs" de Victor Castanet.
Dans cet ouvrage publié en janvier, le journaliste indépendant dénonçait notamment une maltraitance des résidents et un usage abusif des fonds publics.
Ces dysfonctionnements ont été en partie confirmés dans un rapport commandé dans la foulée par le gouvernement, qui a demandé la restitution de dotations publiques présumées détournées de leurs fins.
Sollicité, le parquet de Nanterre n'a pas souhaité communiquer dans l'immédiat.
- Plaintes contre Korian -
Outre l'enquête ouverte en avril, Orpea fait aussi l'objet depuis février d'une enquête pour "faux et usage de faux et infraction à la législation sur le travail en recourant abusivement à des contrats à durée déterminée". Les procédures ont depuis été jointes.
Les enquêteurs creusent également de nombreuses plaintes : une bonne partie de la salve des 80 plaintes déposées en avril par Me Sarah Saldmann au nom de famille de résidents, ainsi que d'autres plaintes, émanant d'autres avocats, et reçues avant même la publication du livre "Les Fossoyeurs".
Par ailleurs, l'ex-directeur général du groupe pendant plus de dix ans, Yves Le Masne, limogé fin janvier, a été entendu en audition libre mardi dans le cadre d'une enquête ouverte par le parquet national financier (PNF) pour "délit d'initié" concernant sa revente d'actions, peu avant la parution du livre de Victor Castanet.
Face aux nombreuses critiques et enquêtes, Orpea a lancé en mai des "Etats généraux" pour recueillir les doléances de ses résidents : une cinquantaine d'établissements organisent ainsi en leur sein des réunions, et une plateforme numérique a été mise en place pour recevoir des suggestions. Orpea a promis un compte-rendu de ces débats à l'automne.
Le scandale touche également un concurrent direct d'Orpea, Korian. Trente plaintes visant des Ehpad Korian, notamment pour "homicide involontaire", ont été déposées devant une douzaine de parquets dans plusieurs régions, a indiqué mardi l'avocate Sarah Saldmann.
Ces plaintes contre X émanent de 18 familles de résidents, pour des faits de "mise en danger de la vie d'autrui", de "non assistance à personne en danger" et d'"homicide involontaire".
Le groupe Korian a indiqué dans un communiqué qu'il "ignore tout du contenu de ces plaintes et ne peut donc faire aucun commentaire" et rappelle que "toutes les situations graves portées à (sa) connaissance sont traitées et systématiquement déclarées aux autorités".
Mercredi matin, Korian perdait quant à lui plus de 9% à la Bourse de Paris.
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A.dCosmo--PV