Biden veut faire baisser le prix du pétrole et promouvoir sa "vision" pour le Moyen-Orient
Le président américain Joe Biden va s'efforcer samedi, pour sa dernière journée en Arabie saoudite, de promouvoir sa vision pour le Moyen-Orient et d'enrayer la volatilité des prix du pétrole qui pèse sur l'économie mondiale.
Il doit annoncer entre autres que les Etats-Unis ont promis un milliard de dollars en soutien à la sécurité alimentaire "à court et à long terme" au Moyen-Orient et en Afrique du nord, a dit samedi un haut responsable de la Maison Blanche lors d'un entretien avec des journalistes.
Le président américain devait avoir des réunions bilatérales avec les dirigeants de l'Egypte, des Emirats arabes unis et de l'Irak, et participer à un sommet dit du "CCG+3".
La réunion organisée à Jeddah, deuxième ville d'Arabie saoudite, située au bord de la mer Rouge, rassemble les six membres du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar, Oman, Koweït, Bahreïn), ainsi que l'Egypte, la Jordanie et l'Irak.
Le président démocrate de 79 ans va "présenter clairement et de manière substantielle sa vision" pour le Moyen-Orient, a dit vendredi son conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan.
- "Un vide" -
"Nous n'allons pas laisser un vide que viendraient remplir la Chine et la Russie", avec l'Iran en embuscade, a promis pour sa part vendredi Joe Biden, qui conclut samedi à Jeddah sa première tournée au Moyen-Orient, entamée en Israël en milieu de semaine.
Le voyage est d'ores et déjà marqué par une image désastreuse pour ce président qui, à peine élu, avait estimé que les Etats-Unis devaient manifester leur puissance "en montrant l'exemple" sur la démocratie et les droits humains.
Cette image est celle de Joe Biden reçu à Jeddah par le prince héritier Mohammed ben Salmane, avec qui il échange un "check" du poing. A 36 ans, celui qu'on surnomme MBS est de fait aux commandes de la riche monarchie.
Le président américain avait pourtant promis de faire du royaume du Golfe un "paria" et déclassifié un rapport accablant sur la responsabilité de MBS dans l'assassinat en 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
Joe Biden a assuré vendredi, dans un point presse organisé à la hâte en soirée, avoir évoqué cette affaire "au tout début" de sa réunion avec le prince héritier, assurant avoir été "on ne peut plus clair".
Selon la chaine Al-Arabya citant un officiel saoudien l'affaire Kashoggi a été vite abordée entre les deux hommes et le prince a admis que ce qui s'est passé était "regrettable".
MBS a également ajouté que "de telles choses arrivent partout dans le monde" soulignant "les nombreuses erreurs" commises par Washington comme celles sur le scandale du traitement des prisonniers par les Américains dans la prison irakienne de Abou Ghraib.
Mais la Maison Blanche veut avant tout mettre l'accent sur les questions géostratégiques et dessiner notamment un chemin vers une normalisation entre Isräel et l'Arabie saoudite et aussi sur le prix du pétrole, dont la volatilité menace l'économie mondiale et plombe le pouvoir d'achat des Américains.
La hausse du gallon d'essence est un enjeu pour le président américain à quelques mois des élections de mi-mandat aux Etats-Unis. Joe Biden va tenter de convaincre la monarchie pétrolière d'ouvrir les vannes de sa production.
"Je fais tout mon possible pour augmenter la production pour les Etats-Unis", a-t-il dit vendredi ajoutant que les premiers résultats concrets se verront "dans quelques semaines".
- 18 accords -
Un haut responsable américain sous couvert d'anonymat a indiqué que le CCG allait participer à hauteur de trois milliards de dollars à un grand partenariat international dans les infrastructures piloté par Washington, censé être une réponse aux énormes investissements chinois des "Routes de la soie".
L'Arabie saoudite et les Etats-Unis ont conclu 18 accords de coopération dans des domaines très variés (spatial, finance, énergie, santé), selon un communiqué de la monarchie du Golfe.
Et l'administration américaine s'attribue en partie le mérite de certaines étapes franchies entre pays de la région, en particulier concernant l'Arabie saoudite et Israël, qui n'ont pas de relations officielles.
Joe Biden a salué la décision "historique" de Ryad d'ouvrir son espace aérien à "tous les transporteurs", y compris israéliens, et a annoncé des progrès dans les difficiles discussions entre l'Arabie saoudite et l'Etat hébreu autour d'un îlot stratégique en mer Rouge.
La Maison Blanche a fait d'autre part état d'un accord de l'Arabie saoudite pour connecter les réseaux électriques des pays du CCG à celui de l'Irak, qui dépend grandement de l'énergie importée d'Iran, "afin de fournir à l'Irak et à son peuple de nouvelles et différentes sources d'électricité."
L'exécutif américain a aussi salué le fait que, selon lui, l'Arabie saoudite se soit "engagée à étendre et renforcer le cessez-le-feu sous médiation des Nations unies au Yémen", qui dure depuis quinze semaines.
Le Yémen est ravagé par l'une des pires crises humanitaires au monde en raison de la guerre depuis 2014 entre les forces gouvernementales, soutenues par l'Arabie saoudite, et les rebelles Houthis, proches de l'Iran.
D.Vanacore--PV