Procès de l'attentat de Nice: premiers mots des accusés attendus
La Cour d'assises spéciale doit entendre mardi les premières paroles des accusés, au deuxième jour du procès de l'attentat de Nice le 14 juillet 2016, lorsqu'un camion avait percuté délibérément la foule, causant la mort de 86 personnes venues assister au feu d'artifice sur la Promenade des Anglais.
Lundi, la première journée d'audience, qui se tient dans la salle spécialement construite pour le procès des attentats du 13 novembre 2015, avait été largement consacrée à l'énumération des personnes souhaitant se constituer partie civile.
Alors qu'elles n'avaient été que 865 à faire cette démarche avant l'ouverture du procès, sur environ 2.500 personnes reconnues comme victimes et indemnisées, ce nombre était d'environ 1.700 lundi soir à la suspension de l'audience, a indiqué le Parquet national anti-terroriste (Pnat) à l'AFP.
Mardi matin, l'audience s'est poursuivie avec l'appel des témoins et des experts appelés à déposer lors du procès.
Parmi eux, l'ancien président François Hollande et son ministre de l'Intérieur de l'époque Bernard Cazeneuve devraient être entendus le 10 octobre.
Plusieurs spécialistes du traumatisme et de la mémoire ont également été cités à la barre, comme le pédopsychiatre Thierry Baubet et le neuropsychologue Francis Eustache, attendus le 15 septembre.
Cinq semaines par ailleurs seront consacrées à la parole des parties civiles. 240 d'entre elles ont prévu de témoigner à la barre et d'autres en ont annoncé l'intention via leur avocat.
Si la cour fera preuve d'une "certaine souplesse", elle "ne pourra pas en entendre 500 ou 600", a averti lundi le président de la Cour d'assises spéciale Laurent Raviot, appelant les avocats à "faire des choix".
- "Mettre des visages sur ces noms" -
Après l'appel des témoins, M. Raviot doit prononcer un "propos liminaire" avant, en début d'après-midi, d'exposer les faits et résumer l'enquête, un exercice prévu pour durer deux à trois heures.
Les sept accusés présents prendront ensuite la parole en fin de journée pour leur "déclaration préalable".
Lundi, ils avaient seulement décliné leur identité et leur adresse, à l'invitation du président.
"On a hâte de mettre des visages sur ces noms (...) dont on a lu les histoires", avait déclaré lundi à l'AFP Stéphane Erbs, co-président de l'association de victimes Promenade des anges.
A "l'impatience" d'assister au procès s'est toutefois mêlée "une certaine nervosité", confiait ce Lyonnais, qui a perdu sa femme dans l'attentat et compte faire des allers-retours à Paris pour assister au procès dès que son travail le lui permet.
Trois accusés se trouvent dans le box, Ramzi Arefa, Chokri Chafroud (en détention provisoire) et Artan Henaj (condamné dans une autre affaire). Quatre - Maksim Celaj, Endri Elezi, Mohamed Ghraieb et Enkeledja Zace - comparaissent libres sous contrôle judiciaire.
Le huitième, Brahim Tritrou, détenu en Tunisie, sera "jugé par défaut".
86 personnes ont perdu la vie et plus de 450 autres ont été blessées dans l'attentat, le plus meurtrier en France après ceux du 13 novembre 2015 contre le Stade de France, le Bataclan et les terrasses parisiennes.
L'assaillant, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, un Tunisien de 31 ans tué par la police le soir de l'attentat, est le grand absent du procès.
Ce chauffeur-livreur au caractère instable était plus connu pour des actes de violence, notamment contre son épouse, que pour sa proximité avec la mouvance jihadiste.
Mais selon l'accusation, il "s'était inscrit dans une démarche idéologique d'inspiration jihadiste plusieurs mois avant" l'attentat, sans rien laisser paraître.
L'enquête n'a pas permis d'établir s'il avait bénéficié de complicités. Si l'organisation Etat islamique a revendiqué l'attentat, aucun lien direct n'a été retrouvé entre Mohamed Lahouaiej-Bouhlel et le groupe jihadiste.
Trois accusés (Ramzi Arefa, Chokri Chafroud et Mohamed Ghraieb) sont poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste. L'accusation souligne leur "très grande proximité" avec Mohamed Lahouaiej-Bouhlel et estime qu'ils étaient "pleinement conscients" de son adhésion "à l'idéologie du jihad armé" et de "sa fascination pour les passages à l'acte violents".
Les cinq autres accusés sont poursuivis pour des délits de droit commun - association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes.
R.Lagomarsino--PV