Agression de Hamraoui: Aminata Diallo remise en liberté, sous contrôle judiciaire
Après cinq jours de détention provisoire, elle ressort de prison: la footballeuse Aminata Diallo, mise en examen pour "violences aggravées" et "association de malfaiteurs" dans l'enquête sur l'agression de son ex-coéquipière au Paris SG Kheira Hamraoui, a été remise en liberté mercredi et placée sous contrôle judiciaire.
L'internationale (7 sélections en équipe de France), sans club depuis que le contrat qui la liait au PSG est arrivé à échéance, en juin 2022, a dû verser une caution de 30.000 euros et doit vivre chez son père à Grenoble, sa ville de naissance, avec un pointage hebdomadaire et une interdiction de contacts avec les joueuses et le club du PSG, a précisé le parquet à l'AFP.
Considérée comme la commanditaire de cette agression commise en novembre 2021 à Chatou (Yvelines), la joueuse a participé mercredi au débat devant le juge des libertés et de la détention (JLD), à Versailles. Elle est arrivée à l'audience menottée et habillée d'un jogging noir, d'une doudoune et de baskets noires, le visage fermé et l'oeil hagard.
Les débats se sont déroulés à huis clos à la demande du parquet et de la défense car "les fuites colossales de l'enquête desservent Mme Diallo", a estimé un de ses avocats, Me Romain Ruiz, pendant l'audience. Sollicités par l'AFP à l'issue du délibéré, ni Romain Ruiz, ni les deux autres avocats de la joueuse, Mourad Battikh et Chloé Redon, n'ont souhaité réagir.
Dans cette affaire, quatre hommes nés entre 1999 et 2003 ont également été mis en examen pour les mêmes chefs d'"association de malfaiteurs" et "violences aggravées". Deux ont été incarcérés et deux placés sous contrôle judiciaire.
Lors de leur garde à vue, interrogés par les enquêteurs de la Brigade de répression du banditisme (BRB) de la police judiciaire, ils ont mis en cause Aminata Diallo, présentant l'ex-joueuse du PSG comme "la commanditaire des violences, pour lui permettre d'occuper le poste de la victime lors de compétitions à venir", selon le parquet.
Mais le déroulé exact des faits n'est pas encore clairement établi par les enquêteurs.
Parmi les quatre homme poursuivis, un a reconnu avoir donné des coups, les trois autres ont indiqué avoir été présents sur les lieux de l'agression.
- Une "haine" -
Le 4 novembre 2021, Kheira Hamraoui avait été agressée à Chatou (Yvelines) à coups de barres de fer et frappée aux jambes par deux hommes, devant Aminata Diallo, alors que les deux joueuses rentraient ensemble en voiture d'un dîner d'équipe. Diallo avait été placée une première fois en garde à vue avant d'être relâchée sans poursuite.
La joueuse, au coeur de cette affaire, nourrissait une "haine" contre Hamraoui sur fond d'une rivalité sportive, selon le rapport d'enquête cité par Le Parisien et confirmé à l'AFP par une autre source proche du dossier.
Placée sur écoute par les enquêteurs, elle serait également en lien étroit avec César M., agent de joueuses, avec qui elle aurait exercé des pressions au cours de l'enquête, selon ce rapport.
La relation de Kheira Hamraoui avec plusieurs de ses coéquipières, notamment Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani, s'était fortement dégradée après l'agression, ces dernières lui reprochant la première garde à vue d'Aminata Diallo.
L'instruction a été élargie au chef "d'escroquerie en bande organisée", mais dans ce volet, aucune mise en examen n'a pour l'instant eu lieu.
L'agression avait valu à Kheira Hamraoui plusieurs points du suture aux jambes et aux mains et a fortement perturbé sa saison 2021-2022 au cours de laquelle la milieu de terrain, sous contrat avec le PSG jusqu'en 2023, a été écartée du groupe. Elle a été réintégrée mardi dans l'équipe du PSG.
"Aujourd'hui, je fais confiance à la justice pour qu'éclate la vérité et que mon honneur soit lavé. Je suis impatiente que mon nom soit à nouveau seulement associé aux pages sportives et quitte les rubriques judiciaires", a-t-elle écrit dans un communiqué, publié samedi sur les réseaux sociaux.
Le message est accompagné de photos montrant les blessures aux mains et aux jambes résultant de son agression, une attaque lors de laquelle, dit-elle, elle a "cru mourir" et qui la "hante nuits et jours".
C.Conti--PV