Glissement de terrain au Venezuela: les secours à la recherche de 56 disparus
Les équipes de secours étaient toujours à la recherche lundi de 56 personnes portées disparues dans une coulée de boue qui a fait au moins 36 morts à Las Tejerias, une petite ville du centre-nord du Venezuela.
Ce pays fait face à des précipitations exceptionnelles depuis le mois de septembre. Les pluies diluviennes ces derniers jours ont provoqué le débordement de ruisseaux et des glissements de terrain à Las Tejerias (50.000 habitants), située à flanc de montagne.
"Malheureusement, nous avons 36 personnes mortes pour le moment et 56 personnes disparues", a annoncé le ministre de l'Intérieur Remigio Ceballos en milieu d'après-midi sur Twitter. Le précédent bilan des disparus était de 52.
Las Tejerias est envahie par la boue et d'innombrables débris. "Nous cherchons toujours", dit un secouriste. Les pompiers se servent notamment de tronçonneuses pour se frayer un chemin parmi les arbres charriés dans la ville.
De nombreuses maisons et commerces ont été détruits par la coulée de boue qui a tout emporté sur son passage: arbres, voitures, murs de maisons, etc.
Un militaire dirige une équipe de recherche à l'aide d'un haut-parleur. "Ils sont en train de retirer les débris et du sang a été vu", explique l'officier depuis un toit en béton, sur l'une des rares structures restées debout après la coulée de boue.
Les habitants de Las Tejerias participent activement aux efforts à l'aide de pioches, de pelles et de tout ce qu'ils peuvent trouver, a constaté l'AFP.
Le président Nicolas Maduro, qui a décrété trois jours de deuil dimanche, a visité la zone lundi.
"Nous emportons avec nous la douleur, la clameur, le désespoir, les larmes du peuple mais ils doivent savoir que Tejerias se relèvera comme le phénix, Tejerias renaîtra", a lancé le président, qui a promis de reconstruire "chacune et chacun" des maisons et des commerces détruits.
La vice-présidente Delcy Rodriguez a indiqué que 317 maisons avaient été "complètement détruites" et 757 "touchées" par le glissement de terrain.
M. Ceballos avait parlé la veille d'"une quantité record de précipitations" tombée sur la ville, assurant que le volume moyen d'eau en un mois était tombé en un jour.
"Ces fortes pluies ont saturé le sol", avait ajouté le ministre, les attribuant au "changement climatique" et au passage de l'ouragan Julia au nord du Venezuela, qui s'est complètement dissipé lundi à 21H00 GMT au-dessus du Guatemala.
"J'étais piégé par les flots et je n'avais pas d'autre choix que de grimper sur le toit et de m'accrocher à l'antenne", raconte José Santiago, 65 ans. "L'eau m'arrivait jusqu'au cou. J'étais prêt (à mourir). S'il avait plu cinq minutes de plus, je me noyais".
"Tejerias ne sera plus jamais la même, nous partons car il est impossible de s'en remettre", a lâché, bouleversé, Isaac Castillo, un commerçant de 45 ans.
- Collectes pour les victimes -
Ces dernières semaines, cette saison des pluies atypique et ces trombes d'eau qui s'abattent sur le Venezuela avaient déjà provoqué la mort de treize personnes dans d'autres régions du pays.
Plusieurs abris pour les familles touchées ont été mis en place à Maracay, capitale de l'Etat d'Aragua où se trouve Las Tejerias.
A Caracas et ailleurs, des points de collecte de dons ont été mis en place: "J'ai apporté de l'eau potable, du lait en poudre, des bonbons pour les enfants et quelques vêtements pour garçons", explique Karla Cuervo, 39 ans, mère au foyer, en déposant un colis au centre de collecte "Angeles de la Autopista" (Anges de l'autoroute) à Caracas. "J'espère qu'il y aura plus de dons. Parce qu'il y a des gens qui n'ont plus rien, plus rien..."
Outre la catastrophe de Las Tejerias, des inondations et des glissements de terrain se sont produits dans plusieurs autres endroits du pays pendant le weekend, notamment dans l'Etat de Zulia, berceau pétrolier du Venezuela, ou à Choroni sur la côte caraïbe.
En 1999, quelque 10.000 personnes étaient mortes dans un important glissement de terrain dans l'Etat de Vargas (nord).
B.Fortunato--PV