Glissement de terrain au Venezuela: les recherches se pousuivent, infime espoir de trouver des survivants
Quelque 3.000 secouristes continuaient mardi les recherches sur le site de la coulée de boue qui a fait 36 morts à Las Tejerias, au centre-nord du Venezuela, mais avec peu d'espoir de retrouver des survivants parmi les 56 disparus trois jours après le drame.
Les autorités n'ont pas annoncé mardi de nouveau bilan depuis le dernier annoncé lundi en fin de journée par le ministre de l'Intérieur, Remigio Ceballos.
Ce sera "difficile" de retrouver des personnes encore vivantes après la catastrophe de samedi, confiait cependant à l'AFP, sous couvert d'anonymat, un membre de la Protection civile.
"Je sais qu'elle est là", dit-elle. "Elle était seule (à la maison). Elle m'a appelé. Elle m'a dit: +Ma fille je me noie, l'eau est entrée, sortez-moi d'ici ! Sortez-moi ! Sortez-moi ! Sauvez-moi !"
"J'ai essayé de la rappeler, elle a répondu mais c'était du bruit...", poursuit-elle.
Cinq pompiers tentent de déblayer la boue avec des pelles. "Le chien a fait des signes ici, dans cette zone de ce qui était le salon et la cuisine. Ca coïncide avec l'indication donnée", explique un pompier.
Malgré les efforts, la recherche est vaine. "Je ne sais pas si je dois crier, je ne sais pas si je dois courir, je ne sais pas si je dois pleurer", se désespère Nathalie Matos.
À quelques mètres de là, une autre équipe travaille sur le site d’une maison emportée par la rivière en crue. Les voisins ont essayé de reconstituer un plan de l'habitation pour aider les secouristes.
"On est guidé par l'odeur (de décomposition des corps) et aujourd'hui on a senti cette odeur dans plusieurs maisons", expliquait un pompier, également sous couvert d'anonymat.
Lundi en fin de journée, les secouristes se montraient pessimistes. "Ca fait déjà deux jours et si elles (les victimes) ne sont pas mortes heurtées par des pierres et des branchages emportés par le courant, elles sont mortes d'hypothermie", précisait un membre de la Protection civile.
- "Tejerias renaîtra" -
Le Venezuela a connu une saison des pluies peu commune, qui s'est prolongée pratiquement toute l'année en raison du phénomène La Niña. Le mois de septembre a été un mois record en précipitations et ces derniers jours des pluies diluviennes, attribuées en partie au passage de l'ouragan Julia plus au nord, se sont abattues sur le pays. Ces trois dernières semaines, 13 personnes sont mortes ailleurs dans le pays en raison d'inondations ou de glissements de terrains.
A Las Tejerias "il a plu en huit heures ce qu'il pleut en un mois", a indiqué dimanche la vice-présidente Delcy Rodriguez.
"Le Venezuela est toujours dans la saison des pluies. Cette année a été un peu atypique, avec des moyennes de précipitations un peu plus élevées dans certaines régions du pays", explique Angel Custodio de l'Institut de météorologie et hydrologie.
La rivière, dont le niveau est monté de plus de six mètres, a tout emporté sur son passage : arbres, rochers, voitures, lampadaires, pylônes téléphoniques et des pans entiers de maisons, dont beaucoup étaient construites dans des zones à risques. La ville de 50.000 habitants déborde sur les flancs des montagnes.
Le président vénézuélien Nicolas Maduro, qui a décrété trois jours de deuil national, a visité la zone sinistrée lundi. "Nous devons poursuivre les recherches pour retrouver les disparus. La situation désespérée des familles est très douloureuse", a-t-il dit, promettant de reconstruire les maisons et les entreprises détruites.
"Tejerias se relèvera comme le Phénix, Tejerias renaîtra", a lancé M. Maduro.
Le glissement de terrain de Las Tejerias est la pire catastrophe naturelle du Venezuela depuis le début du siècle. En 1999, un important glissement de terrain dans l'Etat de Vargas, au nord du pays, avait tué quelque 10.000 personnes.
Les autorités ont mis en place des hébergements pour sinistrés à Maracay, capitale d'Aragua, l'Etat où se trouve Las Tejerias, et ont annoncé la distribution de 300 tonnes de nourriture. Des centres de collecte ont également été mis en place dans tout le pays pour recueillir les dons.
O.Mucciarone--PV