Hong Kong: deux journalistes jugés pour "sédition"
Deux anciens rédacteurs en chef du site d'information Stand News, désormais fermé, ont commencé lundi à comparaître devant un tribunal de Hong Kong pour publication de contenus "séditieux", dernière illustration en date de la reprise en main de la presse par les autorités du territoire chinois.
Le délit de "sédition", instauré par un texte datant de l'époque coloniale et autrefois tombé en désuétude, est de plus en plus utilisé par les procureurs de Hong Kong pour réprimer la dissidence, parallèlement à la nouvelle loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin après les grandes manifestations pro-démocratie de 2019.
Chung Pui-kuen, 52 ans, Patrick Lam, 34 ans, et l'entreprise Best Pencil Limited, éditrice du site Stand News, sont jugés pour "conspiration en vue de publier et de reproduire des contenus séditieux".
Les deux journalistes, en détention provisoire depuis dix mois, ont plaidé non coupable. Ils risquent jusqu'à deux ans de prison.
Stand News, un portail d'informations populaire qui couvrait de façon très détaillée et souvent favorable le mouvement pro-démocratie de 2019, a fermé l'an dernier après une perquisition de la police dans ses locaux, l'arrestation de ses dirigeants et le gel de ses actifs.
Le parquet accuse MM. Chung et Lam d'avoir "incité à la haine" des autorités dans 17 articles et trois vidéos publiés sur Stand News. Le procès se déroule devant un magistrat, Kwok Wai-kin, choisi par le gouvernement de Hong Kong pour juger les affaires de sécurité nationale.
Plus de 220 personnes, pour la plupart des militants, des anciens élus pro-démocratie, des syndicalistes et des journalistes, ont été arrêtées pour des infractions contre la sécurité nationale depuis que Pékin a imposé la nouvelle loi en 2020.
Environ un cinquième d'entre elles sont accusées de "sédition", notamment un groupe de syndicalistes ayant publié un livre pour enfants sur les manifestations pro-démocratie, un commentateur radio connu pour ses critiques féroces du gouvernement et deux personnes qui avaient crié des slogans et applaudi lors d'un procès.
Hong Kong a plongé cette année à la 148e place dans le classement mondial de la liberté de la presse publié par l'organisation Reporters sans frontières (RSF).
En 2002, année où ce classement avait été publié pour la première fois, le territoire occupait la 18e position et faisait figure de havre de la liberté d'expression en Asie.
D.Bruno--PV