Le rachat d'Activision Blizzard par Microsoft dans le collimateur de Bruxelles
Le rachat de l'éditeur américain de jeux vidéo Activision Blizzard par Microsoft pour 69 milliards de dollars est sous la menace de Bruxelles qui craint une atteinte à la concurrence et a annoncé mardi l'ouverture d'une enquête approfondie.
La Commission européenne, gardienne de la concurrence dans l'UE, a expliqué craindre en particulier que Microsoft puisse "verrouiller l'accès aux jeux vidéo d'Activision Blizzard" pour consoles et PC dont le célèbre "call of Duty" et qu'il soit tenté de mettre en place "des stratégies d'éviction des distributeurs concurrents".
De telles stratégies pourraient entraîner "une hausse des prix, une baisse de la qualité et une réduction de l'innovation", s'est-elle inquiétée dans un communiqué.
La Commission craint également que le mariage des deux géants entraîne une réduction de la concurrence sur le marché des systèmes d'exploitation pour PC. Elle estime que les utilisateurs pourraient être découragés d'acheter des PC ne fonctionnant pas sous Windows, le système de Microsoft rendu plus attractif par l'accès aux jeux d'Activision Blizzard.
L'exécutif européen a annoncé qu'il allait "procéder à une enquête approfondie portant sur les effets de l'opération, afin de déterminer si ses craintes initiales sont confirmées".
Il dispose désormais d'une période de 90 jours, jusqu'au 23 mars 2023 pour prendre une décision. L'ouverture d'une enquête approfondie ne préjuge pas de l'issue de la procédure, a précisé la Commission.
Dans un secteur du jeu vidéo en pleine consolidation, Microsoft, qui commercialise la console Xbox et possède plusieurs studios de développement, avait annoncé en janvier le rachat d'Activision Blizzard, également éditeur de succès comme "World of Warcraft" et "Candy Crush" pour 69 milliards de dollars, une somme record pour le secteur.
- "Préoccupations légitimes" -
L'opération doit propulser le géant américain de la tech au troisième rang mondial de cette industrie en termes de chiffres d'affaires, derrière le chinois Tencent et le japonais Sony, fabricant de la PlayStation.
"Nous continuons à travailler avec la Commission européenne sur les prochaines étapes et à répondre aux préoccupations légitimes du marché", a réagi mardi un porte-parole de Microsoft.
"Sony, en tant que leader du secteur, dit s'inquiéter pour Call of Duty, mais nous avons dit que nous nous engageons à rendre le même jeu disponible le même jour sur Xbox et PlayStation. Nous voulons que les gens aient plus d'accès aux jeux, pas moins", a-t-il affirmé.
De son côté, le PDG d'Activision Blizzard Bobby Kotick, s'est dit confiant sur l'aboutissement de l'opération d'ici à juin 2023, comme prévu.
Il a souligné que le groupe avait déjà obtenu le feu vert de pays comme le Brésil.
Mais, avant Bruxelles, le gendarme de la concurrence du Royaume-Uni avait annoncé en septembre l'ouverture d'une enquête approfondie.
"Étant donné qu'un si grand nombre de grandes entreprises mondiales sont désormais en concurrence dans le secteur des jeux, qui représente près de 200 milliards de dollars, il est compréhensible que les autorités de réglementation tentent de mieux comprendre ce secteur", a estimé M. Kotick.
Le projet de rachat par Microsoft intervient au moment où Activision Blizzard traverse une passe difficile.
Il a fait état lundi d'une chute de 32% de son bénéfice net et d'un repli de 14% de ses ventes, sur le quatrième trimestre de son exercice comptable.
R.Zarlengo--PV