Lille: un mort dans les décombres des immeubles effondrés
Un corps a été retrouvé dans la nuit de samedi à dimanche sous les gravats des deux immeubles mitoyens qui se sont effondrés samedi matin en plein centre de Lille, très probablement celui d'un médecin porté disparu, qui avait emprunté un appartement à des amis pour la nuit.
La victime n'a pas encore été officiellement identifiée, mais selon les secours, tout laisse à penser qu'il s'agit de cet homme, dont la voiture est garée sur place, qui ne s'est pas présenté à ses rendez-vous et dont le téléphone "bornait" dans la zone.
Le centre hospitalier de Calais, où officiait ce médecin, le Dr Alexandre Klein, a publié un communiqué dimanche matin pour faire part de son "décès accidentel". "Un hommage sera organisé" en mémoire de celui qui était chef du pôle Santé mentale et addictologie, est-il précisé.
Mais le corps retrouvé, "transporté à l’institut médico-légal", doit encore être formellement identifié, a-t-elle insisté.
- "Homicide involontaire" -
Selon la maire socialiste de Lille, Martine Aubry, un arrêté de péril imminent avait été pris pour un des deux immeubles effondrés, que les pompiers avaient décidé d'évacuer dans la nuit de vendredi à samedi après le signalement d'un habitant.
Mais en s'écroulant samedi vers 9H15, cet immeuble a entraîné dans sa chute un immeuble mitoyen, dans lequel se trouvait ce médecin. Sa présence dans le bâtiment n'a été portée à la connaissance des secours que samedi en fin de matinée, a-t-elle expliqué à l'AFP.
La victime a été localisée vers 1h30 dimanche matin, puis extraite en fin de nuit, après des heures de fouille dans l'immense amas de métal et de briques de la rue Pierre-Mauroy, où se sont effondrés les deux immeubles de trois étages, une artère commerçante à deux pas de la Grand Place.
L'enquête ouverte samedi pour "mise en danger de la vie d'autrui" a été élargie au chef d'"homicide involontaire", a précisé la procureure de Lille. Elle "a pour objectif de déterminer les responsabilités sur l’état du bâtiment", notamment "la connaissance que pouvaient avoir les propriétaires".
Le ministre délégué au Logement, Olivier Klein, qui se rendra à Lille lundi, avait indiqué samedi que le bâtiment n'était pas "frappé d'insalubrité".
Des experts judiciaires, accompagnés des services de la ville, visitaient dimanche matin une demi-douzaine d'immeubles avoisinants, évacués samedi, pour vérifier leur stabilité. Mais "aucun élément" ne laisse craindre l'éventuel effondrement d'un autre bâtiment, a souligné Mme Aubry.
- "Du mal à réaliser" -
"Les opérations de secours", qui ont mobilisé 80 pompiers et plus de 40 engins, "sont terminées", ont indiqué dimanche matin les pompiers du Nord sur Twitter, faisant état d'un bilan définitif d'une personne décédée et une autre secourue.
Le bilan aurait pu être bien plus élevé si un étudiant n'avait pas alerté la police municipale et les pompiers dans la nuit de vendredi à samedi, permettant l'évacuation d'une dizaine d'habitants, après avoir constaté que son "immeuble avait bougé" et qu'un mur s'éventrait.
"J'ai encore un peu de mal à réaliser que, du coup, j'ai échappé à ma propre mort, à celle de mes amis, à celle d'inconnus qui passaient peut-être là, parce que la rue Pierre-Mauroy est très passante", a raconté à Europe 1 le jeune homme, Thibault Lemay.
"Il mérite évidemment d’être salué, il a évité un drame beaucoup plus important", a estimé dimanche le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, sur BFMTV.
"Les pompiers ont commencé à tambouriner sur les portes, mais j'ai cru que c'était des fêtards et je suis resté au lit", a raconté à l'AFP un habitant évacué, Benjamin Lopard, 35 ans.
"Quand les policiers sont arrivés, j'ai réalisé que c'était sérieux", poursuit ce jeune homme, parti vers 5h30 samedi avec ses papiers, son ordinateur et une tenue de rechange. "Je réalise maintenant la chance incroyable qu'on a eue", dit-il: sans cette évacuation "on serait tous dans des boîtes en bois".
O.Merendino--PV