Philippines: bassin de plongée ou tunnel d'évasion? Spéculations autour d’une énorme fosse dans une prison
Devait-elle servir de tunnel d'évasion pour les détenus de la plus grande prison des Philippines, de lieu d'entraînement à la plongée sous-marine ou de site de recherche d'un trésor mythique ?
Une énorme fosse découverte à côté des quartiers officiels du chef des prisons du pays, récemment accusé d'avoir ordonné le meurtre d'un journaliste, fait jaser.
Profond d'environ 60 mètres, large de 40 mètres, le gouffre a été découvert peu après la suspension de Gerald Bantag du poste de directeur général de l'administration pénitentiaire.
Il est accusé d'avoir ordonné l'assassinat de l'éminent journaliste de radio Percival Mabasa, abattu devant son domicile en octobre.
S'il nie toute implication dans ce crime, M. Bantag, qui reste libre pendant que les procureurs décident s'il y a suffisamment de preuves pour l'inculper, a admis devant la presse avoir ordonné l'excavation dans l'enceinte de la prison.
La raison? Il est plongeur sous-marin et aurait voulu créer la "piscine la plus profonde de Manille".
Balayant les spéculations selon lesquelles la fosse aurait été conçue pour servir de tunnel d'évasion aux détenus de la prison surpeuplée de New Bilibid, il dit avoir eu "l'intention d'enseigner la plongée sous-marine".
Non loin du trou se trouve une piscine carrelée vide de 25 mètres.
De son côté, le ministre de la Justice, Jesus Crispin Remulla, a rapporté que l'ex-chef des prisons disait rechercher le trésor du général japonais de la Seconde Guerre mondiale Tomoyuki Yamashita, dispersé dans toute l'Asie du Sud-Est.
Lorsque l'AFP s'est rendue mercredi dans les anciens quartiers de M. Bantag, un agent de sécurité armé portant un T-shirt noir figurant une feuille de cannabis comptait parmi l'équipe en tenue décontractée qui gardait les lieux.
Un python jaune domestique rôde toujours dans le sous-sol du bâtiment, a prévenu cet agent.
M. Bantag aurait également possédé des chevaux sur la propriété de 400 hectares de la prison, qu'il montait avec les détenus, a fait savoir Sonny del Rosario, chef du bureau d'information publique de l'administration pénitentiaire.
Cela ne faisait "évidemment pas" partie du programme officiel de réhabilitation des prisonniers, a-t-il soufflé à l'AFP.
L'endroit hébergeait également des coqs de combat, également interdits dans l'enceinte de la prison, mais M. del Rosario a assuré qu'ils appartenaient à un agent pénitentiaire, et non à M. Bantag.
Malgré les derniers scandales auquel le personnel est "habitué", "nous ne sommes pas tous corrompus", a insisté M. del Rosario.
R.Zarlengo--PV