Grèce: des souverains de toute l'Europe aux funérailles de l'ancien roi Constantin
Des souverains de toute l'Europe doivent assister lundi en milieu de journée à Athènes aux funérailles du dernier roi de Grèce Constantin II, mort mardi à l'âge de 82 ans, mais aucun hommage national ne sera rendu à cet ancien monarque contesté.
Dans la cathédrale de l'Annonciation d'Athènes (ou métropolitaine), les rois et reines d'Espagne, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, de Belgique, le prince Albert II de Monaco, le prince héritier norvégien, le Grand-duc de Luxembourg rendront un dernier hommage à l'ancien souverain grec.
La famille royale britannique sera représentée par la princesse Anne, soeur de Charles III, tous deux cousins de Constantin II, avait indiqué vendredi Buckingham Palace.
Les médias grecs s'interrogeaient ce week-end sur la présence éventuelle du prince William, filleul de l'ancien roi de Grèce, mais sans obtenir de confirmation ou de démenti.
Aux premières heures du jour, des centaines de personnes ont fait la queue sur le parvis de la cathédrale pour venir se recueillir devant le cerceuil du défunt recouvert pour l'occasion d'une grande pièce de tissu aux couleurs nationales, le bleu et le blanc.
Le cercueil sera exposé jusqu'à 10H00 locales (8H00 GMT) dans une chapelle proche de la cathédrale pour cet hommage alors que les rues alentour ont été interdites à la circulation, promettant des embouteillages dans le centre-ville de la capitale grecque.
Au total, 187 invités doivent participer à ces funérailles.
Profondément républicaine, l'immense majorité de la population hésitait entre indifférence et colère depuis que ce descendant de la famille royale de Schleswig-Holstein-Glücksburg est mort mardi dans un hôpital privé d'Athènes des suites d'une attaque cérébrale.
Au lendemain de la mort de Constantin, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis avait annoncé que ces obsèques auraient un caractère privé.
Ni lui, ni l'actuelle cheffe de l'Etat Katerina Sakellaropoulou ne se rendront d'ailleurs aux funérailles d'un roi déchu en 1974 lors du rétablissement de la République, après la période sombre de la dictature des colonels (1967-1974).
A Athènes, seuls les drapeaux autour du Stade panathénaïque, le stade antique de la capitale grecque rénové pour les premiers Jeux olympiques modernes en 1896, ont eté mis en berne.
En 1960, Constantin avait décroché une médaille d'Or en voile aux jeux Olympiques de Rome. Il était également membre honoraire du Comité international olympique (CIO).
- Plaies anciennes -
Après la cérémonie religieuse orthodoxe, il sera inhumé en privé à l'ancienne résidence royale à Tatoï, au nord d'Athènes où sont enterrés la plupart des anciens membres de la famille royale, dont le roi Georges I, le premier de la dynastie danoise montée sur le trône de Grèce en 1863.
La mort de l'ex-monarque, qui a vécu quelque quarante ans en exil, a ravivé des plaies anciennes en Grèce, notamment autour de son rôle lors de la dictature des colonels (1967-1974).
Critiqué pour ne pas avoir alors empêché l'accession au pouvoir de la junte, Constantin avait quitté la Grèce en 1968 et vécu quarante ans à Londres, avant de rentrer dans son pays en 2013 continuant à se dénommer "roi".
La monarchie en Grèce a été abolie par référendum en 1974 qui, avec une majorité de 70%, a déchu officiellement Constantin II.
Constantin Glücksburg, comme le dénomment certains médias sans évoquer son ancien titre royal, a longtemps bataillé en justice avec l'Etat grec qui avait confisqué les biens royaux.
Déchu de sa nationalité en 1994, il avait porté plainte devant la Cour européenne des droits de l'Homme pour récupérer ses biens. En 2002, cette dernière a condamné la Grèce à verser 14 millions d'euros à la famille royale.
L.Bufalini--PV