A Berlin, une épave de char russe, le canon pointé vers l'ambassade
Une épave de char russe exposée devant l'ambassade à Berlin, le canon pointé vers l'entrée. C'est une image forte vendredi des commémorations en Europe du premier anniversaire de l'invasion de l'Ukraine.
La scène est saisissante, en plein centre de la capitale allemande, à quelques pas de l'emblématique porte de Brandebourg: des activistes ont remorqué dans la nuit un char russe devant l'ambassade.
Cette image insolite attirait vendredi matin de nombreux curieux, dont des classes en visite scolaire dans la capitale allemande.
"On passait par là et on a vu un attroupement, ça fait bizarre de voir un tank comme ça" en plein Berlin, confie à l'AFP Allen Eapen, un Indien de 22 ans qui étudie dans la capitale.
- La "porte des terroristes" -
Le tank, de type T-72 B1, datant de 1985, a été détruit, probablement par une mine, le 31 mars 2022 près de Boutcha, dans la banlieue de Kiev. Une partie des chenilles sont broyées, de même que la tourelle, en partie pulvérisée.
La couleur kaki a été brunie par endroits par les flammes. De nombreux impacts de balles sont visibles sur la carcasse, preuve selon les initiateurs du projet que le blindé a "activement participé à des combats". Le canon du tank de 44 tonnes et près de 2,3 mètres de hauteur est lui intact et pointe vers le siège de l'ambassade russe, sur l'avenue Unter den Linden.
"C'est impressionnant, c'est un bon moyen (de protestation) de manifester devant l'ambassade", relève Lorenzo Graif, un Chilien de 22 ans qui étudie lui aussi à Berlin.
"On voit cette réalité, alors que d'habitude c'est loin", sur le champ de bataille, explique à l'AFP Sabine Ertl, une Allemande en vacances avec sa famille.
Après un long bras de fer avec la mairie de Berlin, les organisateurs de cette manifestation ont obtenu l'autorisation d'exposer l'épave, qui provient du musée d'histoire militaire de Kiev et est visible jusqu'à dimanche. "Nous voulons remettre leur ferraille devant la porte des terroristes", explique un des initiateurs, Wieland Giebel.
"On veut protester contre l'agression russe et exprimer notre solidarité", précise à l'AFP l'avocat Bender Harrer Krevet, un des initiateurs.
L'ambassadeur ukrainien à Berlin, Oleksii Makeiev, doit se rendre sur le site de l'épave dans la journée. Une manifestation de soutien à l'Ukraine est aussi prévue en début d'après-midi sur cette grande avenue du centre-ville.
A proximité du tank est exposée depuis plusieurs semaines une sorte de caisson de trois mètres sur trois, exacte réplique de la cellule de l'opposant russe Alexeï Navalny que les passants peuvent visiter.
- Peinture déversée -
Un an jour pour jour après l'invasion russe de l'Ukraine, les manifestations de soutien et de solidarité avec les Ukrainiens se multiplient en Europe.
A Paris, la Tour Eiffel a été illuminée jeudi soir aux couleurs jaune et bleue, comme les bâtiment de la Commission et du Parlement européens à Bruxelles ou le théâtre national de Varsovie et la Place d'armes, au coeur de Luxembourg.
Devant le siège de la Banque centrale européennes (BCE) à Francfort ont été hissées les couleurs de l'Ukraine. Le Parlement portugais et la plupart des partis ont marqué le premier anniversaire en observant une minute de silence.
A Londres, des litres de peinture ont été déversées devant l'ambassade russe pour repeindre la chaussée aux couleurs ukrainiennes et des centaines de personnes se sont rassemblées sur Trafalgar Square. Interrogée, Kenia Miletska se dit étonnée du niveau de soutien au Royaume-Uni: "C’est incroyable, quand on porte un drapeau ukrainien, les gens vous disent +Slava Ukraini+ (gloire à l’Ukraine, ndlr) Ils savent ce que cela veut dire".
A Berlin jeudi soir, le signe de la paix a été dessiné à l'aide de dizaine de bougies au pied de la porte de Brandebourg.
Dans la capitale allemande, tous se souviennent où ils se trouvaient il y a un an quand ils ont appris l'attaque russe. "J'étais dévasté et c'était fort car ici, nous ne sommes pas si loin" de la guerre, confie M. .
"On n'est pas vraiment optimistes, ça risque de durer encore longtemps", redoute Mme Ertl.
R.Zarlengo--PV