Charles III attendu à Paris pour sa première visite d'Etat en France
Après un premier rendez-vous manqué, le grand jour : Charles III entame mercredi sa première visite d'Etat en France, empreinte de solennité et de faste, pour célébrer la relance de l'amitié franco-britannique après les turbulences du Brexit.
"Bienvenue votre majesté!", a lancé sur X (ex-Twitter) le président français Emmanuel Macron.
Six mois plus tard, le calme est revenu et l'heure est de nouveau à "l'Entente cordiale", ou concorde franco-britannique, dont les 120 ans seront célébrés en avril prochain.
Peu de voix se font entendre contre le somptueux dîner qui sera servi au château de Versailles, symbole de la monarchie absolue. Le député Insoumis Alexis Corbière a tout de même dénoncé "l'utilisation abusive" par Emmanuel Macron de "l'ultraprésidentialisme" et de "tous les artifices" pour l'incarner.
La visite, qui doit durer trois jours, "intervient dans un contexte de resserrement des liens entre le Royaume-Uni et la France", se félicite l'Elysée.
Lors d'un sommet en mars, le président français et le Premier ministre Rishi Sunak avaient permis une "reconnexion" entre les deux capitales après plusieurs années houleuses quand Boris Johnson résidait à Downing Street sur le Brexit, la pêche ou les migrants.
Soucieux de ne rien laisser au hasard, Emmanuel Macron a aussi reçu mardi le chef de file de l'opposition britannique, Keir Starmer, favori dans les sondages pour les élections prévues d'ici début 2025.
- 136 chevaux -
Pour les grandes retrouvailles, la République a sorti le grand jeu.
Peu avant 15H00, Charles III, 74 ans, et Camilla, 76 ans, seront accueillis en grande pompe par Emmanuel et Brigitte Macron à l'Arc de Triomphe pour une cérémonie de ravivage de la flamme sur la tombe du Soldat inconnu, suivie d'une descente des Champs-Elysées.
Le roi et le président emprunteront l'avenue la "plus célèbre du monde" à bord d'une Citröen DS7 décapotable, escortée par 136 chevaux de la Garde républicaine, pour rejoindre le palais de l'Elysée où ils auront un entretien en tête-à-tête.
Contrairement aux cérémonies du 8 mai 1945, le public pourra s'approcher des barrières, selon des sources sécuritaires.
Autre temps fort de la visite, le dîner d'Etat à Versaillles, un clin d'oeil à la mère du roi, Elizabeth II, qui fut invitée à déjeuner dans le même décor somptueux en 1957 et revint à Versailles en 1972.
Le Roi était sensible à l'idée de "marcher dans les pas de sa mère", souligne l'Elysée, et d'incarner ainsi la continuité dans la monarchie britannique comme il le fait depuis un an.
A Versailles, la République va mettre les petits plats dans les grands : homard bleu, volaille de Bresse et macaron à la rose, préparés par des chefs étoilés, seront servis à la table du roi, dans une porcelaine de Sèvres.
- Mike Jagger et Hugh Grant -
Parmi les invités, les acteurs Hugh Grant, Charlotte Gainsbourg et Emma Mackey, l'écrivain Ken Follett et le mythique Mike Jagger sont attendus.
Le sport ne sera pas en reste avec l'ex-entraîneur de l'Arsenal FC Arsène Wenger, et les anciens internationaux français Didier Drogba et Patrick Viera, tous deux stars du Championnat anglais, ainsi que le président du Comité d'organisation des Jeux olympiques de Paris Tony Estanguet.
Ce faste sera-t-il dommageable à l'image du président Macron, six mois après la crise des retraites, et dans un contexte de forte inflation ?
En conviant Charles III à Versailles, le chef de l'Etat s'inscrit en tout cas dans les pas du général de Gaulle, qui avait fait du château une véritable carte de visite diplomatique, et envoie un signal fort au Royaume-uni.
Le roi, qui entend asseoir son image à l'international un an après son accession au trône, entamera jeudi la partie la plus politique de sa visite avec un discours à la tribune du Sénat, au coeur de l'hémicycle, une première pour un souverain britannique.
Il mettra aussi en avant un sujet qui lui tient à coeur, l'environnement, lors d'une table ronde sur le réchauffement climatique qu'il clôturera avec le président Macron au Museum national d'histoire naturelle puis vendredi à Bordeaux, dans une région durement frappée par les incendies en 2022 et qui compte de nombreux Britanniques
Pour la circonstance, 8.000 policiers et gendarmes seront mobilisés mercredi et jusqu'à 12.000 vendredi, où la visite du roi coïncidera aussi avec celle du Pape François à Marseille.
I.Saccomanno--PV