Marathon des Sables: La "caravane balai" à deux dromadaires
A jamais les derniers. Voilà près de 20 ans que Naji et ses deux dromadaires courent le Marathon des Sables sans jamais manquer une édition, au pas des derniers concurrents sur lesquels ils veillent avant de refermer la course.
Six jours et 230 kilomètres à parcourir le désert du Sahara entre immenses dunes de sables et terres parsemées de gros cailloux en souffrant de la chaleur, mais aussi des tempêtes de sables: c'est le périple des centaines de participants du Marathon des Sables mais aussi d'un chamelier officiant comme "voiture-balai" et devenu un personnage légendaire de la course.
Comme chaque légende, tout le monde le connaît mais personne ne sait rien de lui.
Petit gabarit, teint très mat et peau burinée, ce nomade dit être âgé de 53 ans. Il marche avec son bâton, deux de ses cinq dromadaires et un autre chamelier, plus grand, plus jeune et nettement moins populaire.
Mais qui est-il ? Où vit-il ?
"Je vis dans le désert, toujours dans le désert, je suis né dans le désert, je vis sous la tente, et je bouge avec mes animaux quand ils cherchent la nourriture", répond l'intéressé à l'AFP.
Homme du désert donc, il a tout de même une maison près de Zagora, dans le sud du Maroc, où vivent sa femme et ses deux enfants, à environ 300 kilomètres de la province d'Errachidia, où se joue la course, apprend-on auprès de Bachir, membre de l'organisation et qui s'occupe de lui.
- Selfies -
A pied, relier Zagora à Errachidia prend deux jours et demi. Un voyage qu'il refera une fois la course terminée après avoir enchaîné les étapes.
Sur le bivouac, il se prête au jeu de la multitude de selfies avec les concurrents. Mais il s'installe toujours loin des coureurs. La popularité, c'est pesant à la longue.
Une fois l'étape lancée, ses deux dromadaires équipés d'une puce GPS comme les coureurs et tenus par une corde, il emboîte le pas aux derniers de la course, grimpant les dunes de sables avec une agilité impressionnante quand certains participants se mettent à quatre pattes pour monter.
Son téléphone portable dans la poche - un vieux Nokia - il arpente le Sahara au rythme de ses dromadaires, des animaux qui ont leur caractère.
"Le dromadaire est gentil si tu es gentil avec lui. Si tu as fait quelque chose de mal, je te le jure, il te suit. S’il te fait pas du mal cette année, ce sera l’année prochaine !", dit-il en levant la main et agitant l'index.
Le chamelier et ses camélidés à une bosse auront aussi leur médaille.
E.Magrini--PV