Accusations d'agressions sexuelles: Depardieu absent à son procès qui devrait être renvoyé
Gérard Depardieu, visé par de nombreuses accusations de violences sexuelles, ne s'est pas présenté devant le tribunal correctionnel de Paris lundi, et le procès où il doit être jugé pour agressions sexuelles sur deux femmes lors d'un tournage, devrait être renvoyé.
"Malheureusement ses médecins ont prescrit une interdiction de se présenter aujourd'hui", a indiqué son avocat, Me Jérémie Assous, en arrivant à l’audience, précisant qu’il demanderait un report de six mois au tribunal afin que Gérard Depardieu puisse se défendre.
"Gérard Depardieu entend se présenter devant le tribunal correctionnel", a poursuivi son conseil. "Il souhaite ardemment se défendre puisque depuis plus de trois ans, un très grand nombre d'inexactitudes, de fausses informations et mensonges ont été relayés".
"Il est important que M. Depardieu soit présent à l’audience", a affirmé Me Carine Durrieu-Diebolt, avocate d'une des deux plaignantes, acquiescant à la demande de renvoi. Le procureur de la République a lui aussi invoqué la nécessité d'entendre le prévenu dans un délai court et après expertise médicale.
Les débats sont également retransmis en direct dans une autre salle pour le public et les journalistes qui n'ont pu entrer.
Gérard Depardieu est poursuivi "pour des agressions sexuelles susceptibles d'avoir été commises en septembre 2021 au préjudice de deux victimes, sur le tournage du film +Les volets verts+" de Jean Becker, selon le parquet.
Une des deux femmes, décoratrice de cinéma, avait porté plainte en février 2024 contre l'acteur - mis en examen pour viols dans une autre affaire - pour agression sexuelle, harcèlement sexuel et outrages sexistes pendant le tournage de ce film, aboutissant à l'ouverture d'une enquête.
"J'attends que la justice soit la même pour tous et que M. Depardieu ne bénéficie pas d'un traitement de faveur parce qu'il est un artiste", avait déclaré avant le procès son avocate, Me Carine Durrieu-Diebolt.
Gérard Depardieu est "la cible d'accusations mensongères", avait asséné à l'AFP Jérémie Assous, pour qui "le but poursuivi vient d'être révélé à travers les demandes d'indemnisation: s'enrichir de 30.000 euros".
Selon la plaignante de 55 ans, les faits reprochés se seraient déroulés en septembre 2021, dans un hôtel particulier du XVIe arrondissement parisien.
- "Brutalité" -
Dans son récit au site d'investigation Mediapart, cette dernière expliquait que Gérard Depardieu aurait soudainement hurlé lors d'une conversation qu'il voulait un "ventilateur", car il ne pouvait "même plus bander" avec cette chaleur, puis il aurait assuré pouvoir "faire jouir les femmes sans les toucher".
Une heure plus tard, il l'aurait "attrapée avec brutalité" alors qu'elle quittait le plateau.
M. Depardieu l'aurait alors "bloquée en refermant ses jambes sur (elle) comme un crabe", puis lui aurait "pétri la taille, le ventre, en remontant jusqu'à (ses) seins", a-t-elle assuré.
Il lui aurait également tenu des "propos obscènes" tels que "Viens toucher mon gros parasol, je vais te le fourrer dans la chatte".
"Ma cliente attend que la justice acte que Gérard Depardieu est un agresseur sexuel en série", a ajouté Me Carine Durrieu-Diebolt.
L'acteur sera aussi jugé pour des violences sexuelles dénoncées par une autre femme, assistante réalisatrice sur le même film.
- Menacé d'un autre procès -
Grande figure du cinéma français connue dans le monde entier, fort de plus de 200 films, Gérard Depardieu a été accusé ces six dernières années de violences sexuelles par plusieurs femmes, mais certaines de leurs plaintes ont été classées pour prescription.
Il est néanmoins sous la menace d'un autre procès: en août, le parquet de Paris a requis son renvoi devant la cour criminelle pour qu'il soit jugé pour viols et agressions sexuelles sur la comédienne Charlotte Arnould, la première à porter plainte contre le célèbre acteur en 2018.
"Jamais, au grand jamais je n'ai abusé d'une femme", s'était défendu Gérard Depardieu dans une lettre ouverte publiée dans Le Figaro le 1er octobre 2023.
Quelques semaines plus tard, en décembre 2023, Emmanuel Macron avait choqué les associations féministes en saluant un "immense acteur" qui "rend fière la France", dénonçant "une chasse à l'homme" après la diffusion d'un reportage de "Complément d'Enquête" sur France 2, au cours duquel l'acteur multipliait les propos misogynes.
Lancé en 2017 pour dénoncer le comportement du producteur américain Harvey Weinstein, le mouvement #MeToo a déferlé ces dernières années sur le cinéma français. Plusieurs grands noms ont été accusés de violences sexuelles comme les réalisateurs Jacques Doillon ou Benoît Jacquot.
T.Galgano--PV