Budget: le patron de Carrefour craint la pérennisation des taxes annoncées comme temporaires
De nombreuses taxes présentées comme "temporaires" sont finalement devenues "définitives", a déclaré jeudi sur France Inter le PDG de Carrefour Alexandre Bompard, estimant que les mesures annoncées dans le projet de budget 2025 sont un "tête à queue de politique" par rapport aux gouvernements précédents.
"Je connais mes classiques de la fiscalité, la liste des impôts dits temporaires qui sont devenus définitifs...", a affirmé Alexandre Bompard, également président de la principale organisation patronale de la grande distribution, la FCD.
"Quand j'étais jeune étudiant, on avait créé pour deux ans la CRDS", contribution pour le remboursement de la dette sociale, un impôt destiné à résorber l'endettement de la sécurité sociale mis en place en 1996, a-t-il rappelé.
"Elle existe encore aujourd'hui, et c'est le cas pour tout un tas d'impôt. En 2027, quelqu'un d'autre nous dira que la situation des finances publiques ne va pas mieux" et que les impôts mis en place vont devoir être poursuivis, a-t-il anticipé.
Plus généralement, il a estimé que "les mesures annoncées dans le projet de loi de finances sont un tête à queue de politique", après un "premier mandat et demi qui n'a pas été un mandat de cadeaux" à destination des entreprises "mais a consisté à ramener la France dans la moyenne européenne" de l'imposition des entreprises.
"On a retrouvé de la compétitivité moyenne, de l'investissement et de l'emploi", a jugé Alexandre Bompard. Avec notamment la contribution exceptionnelle demandée aux plus grandes entreprises pour remédier à la dégradation des comptes publics, "cela nous ramène dans la situation de 2014, en queue de peloton" européen, a-t-il relevé.
La FCD, qui rassemble la quasi totalité du secteur des supermarchés, avait déploré plus tôt dans la semaine dans un communiqué le "matraquage fiscal organisé par le gouvernement Barnier", assurant que c'était "à l'Etat d'endosser l'effort de redressement des comptes publics au lieu de transférer la responsabilité de son déficit sur les entreprises".
La secrétaire d'État à la Consommation Laurence Garnier avait estimé mercredi que chacun devait mesurer "l'impératif d'accepter de faire un effort".
Les services du ministre du Budget se penchent par ailleurs sur l'éventuel problème de distorsion entre acteurs de la grande distribution, selon une source à Bercy, alors que l'organisation de certaines enseignes en modèles coopératifs ou via l'exploitation de magasins en franchise ne les rend que marginalement concernées par la contribution exceptionnelle.
F.Abruzzese--PV