Budget: le gouvernement aurait pu "faire plus" sur la taxation des "plus riches", juge Matthieu Pigasse
Le banquier d'affaires Matthieu Pigasse a estimé jeudi que le gouvernement français, qui compte faire contribuer quelques milliers de foyers aisés au redressement des finances publiques dans le cadre du projet de budget pour 2025, aurait pu "faire plus".
"Les plus riches doivent participer à l’effort national (...) pour plein de raisons: compte tenu de la situation actuelle des finances publiques, compte tenu de l’explosion des inégalités au cours des dernières décennies et enfin pour des raisons (...) symboliques", a fait valoir l'ancien dirigeant de la banque Lazard, aujourd'hui associé chez Centerview Partners, lors d'une rencontre organisée à Paris par l'Association des journalistes économiques et financiers (Ajef).
Confronté à un déficit public de 6,1% du produit intérieur brut (PIB) en 2024, largement supérieur au plafond européen de 3%, le gouvernement s'est donné pour objectif de le ramener à 5% en 2025, ce qui représente un effort de plusieurs dizaines de milliards d'euros.
Près de 25.000 ménages fortunés, selon un chiffrage du ministère du Budget, seront notamment mis à contribution via l'introduction d'un taux minimal d'imposition de 20%, qui s'ajoutera à la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus déjà en place.
Le taux d'impôt sur les sociétés sera par ailleurs rehaussé pour les quelques centaines de grandes entreprises qui réalisent plus de 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires.
"Les plus riches doivent contribuer le plus et le mieux possible", a insisté jeudi Matthieu Pigasse, engagé de longue date à gauche.
"Je pense qu'on aurait pu faire plus encore que ce qu’on a fait là, de la même façon d’ailleurs que je pense que les grandes entreprises doivent aussi contribuer à l’effort national", a poursuivi le banquier d'affaires.
Matthieu Pigasse a également jugé que "les entreprises assises sur des rentes", qui les conduisent à "générer des profits indus et considérables", devaient participer à l'effort.
Après les entreprises du secteur de l'énergie, dont l'Etat avait fastidieusement tenté de capter la "rente" au plus fort de la récente crise inflationniste, les géants de la logistique et du transport maritime sont dans le viseur du gouvernement pour les profits considérables réalisés juste après la pandémie de Covid, alors que les chaînes d'approvisionnement mondiales étaient engorgées.
Une "taxe exceptionnelle" sur les grandes entreprises de fret maritime, qui ne devrait s'appliquer en réalité qu'au principal armateur français CMA-CGM, a ainsi été intégrée au projet de budget pour 2025.
A.Saggese--PV