Le chef de la diplomatie britannique en Chine pour "interpeller" Pékin sur l'Ukraine et Hong Kong
Le chef de la diplomatie britannique, David Lammy, va rencontrer vendredi à Pékin son homologue chinois Wang Yi, promettant d'évoquer plusieurs dossiers sensibles, comme l'Ukraine ou Hong Kong, dans un contexte de réchauffement des liens diplomatiques.
M. Lammy est le premier ministre britannique à se rendre en Chine depuis que le travailliste Keir Starmer a pris la tête du gouvernement en juillet.
Il doit rencontrer Wang Yi après des entretiens avec le vice-Premier ministre chinois Ding Xuexiang et d'autres hauts responsables du Parti communiste chinois (PCC).
David Lammy a été accueilli vendredi matin sur un tapis rouge par M. Ding dans le fastueux Palais du peuple, selon des photos officielles.
Durant sa visite de deux jours, le responsable britannique s'efforcera de trouver un point d'équilibre entre le renforcement des liens avec la Chine, partenaire commercial majeur, et une pression sur des questions sensibles telles que la guerre en Ukraine, les droits humains et Hong Kong.
Il doit également rencontrer des chefs d'entreprises britanniques à Shanghai (est), capitale économique du pays.
Sa venue est également l'occasion de confirmer le réchauffement relatif des liens diplomatiques, après des années de tensions liées notamment aux critiques récurrentes du Royaume-Uni sur la répression par la Chine du mouvement pro-démocratie à Hong Kong, ex-colonie britannique.
Les deux pays se sont aussi mutuellement accusés d'espionnage et Londres a dénoncé des cyberattaques contre ses élus.
- "Pragmatique" -
Mais la Chine et le Royaume-Uni avaient renoué le contact à haut niveau en août lors d'un appel téléphonique entre le président chinois Xi Jinping et Keir Starmer.
Dans un communiqué vendredi, David Lammy a relevé que la communication "avec la Chine est pragmatique et nécessaire pour soutenir les intérêts britanniques et mondiaux".
"Nous devons parler souvent et franchement", a-t-il ajouté.
Les deux pays "ont des intérêts communs, notamment en ce qui concerne la transition vers une énergie verte à l'échelle mondiale, et des liens économiques profonds", a indiqué jeudi un porte-parole de Downing Street.
Toutefois, le chef de la diplomatie britannique "interpellera la Chine sur les sujets pour lesquels cela s'avère nécessaire", a-t-il souligné.
La plus grosse pomme de discorde reste pour Londres la campagne de Pékin pour limiter la liberté de la presse et les manifestations à Hong Kong, ex-colonie britannique rendue à la Chine en 1997.
Londres critique les nouvelles lois sur la sécurité nationale dans le territoire et déplore une érosion des libertés civiles. Mais la Chine avance qu'elle a ainsi réussi à rétablir l'ordre à Hong Kong et voit toute critique comme une ingérence dans ses affaires intérieures.
A quelques jours du déplacement de David Lammy en Chine, Keir Starmer avait appelé mercredi à la libération du magnat des médias Jimmy Lai, une figure majeure du mouvement pour la démocratie à Hong Kong, actuellement emprisonné pour atteinte à la sécurité nationale.
- Liens Pékin-Moscou -
Autre dossier sensible: la guerre en Ukraine. Selon Downing Street, David Lammy va "demander instamment à la Chine de cesser son soutien politique et économique à l'effort de guerre russe".
La Chine appelle à des pourparlers de paix et au respect de l'intégrité territoriale de tous les pays, sous-entendu Ukraine comprise.
Mais elle n'a jamais condamné la Russie pour son invasion, lancée en 2022, et les liens économiques et militaires Pékin-Moscou se sont même renforcés depuis cette date.
Une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, avait dit jeudi espérer que la visite de David Lammy soit l'occasion de "renforcer la confiance mutuelle stratégique" et "le dialogue sur tous les plans".
L'organisation Human Rights Watch (HRW) a appelé vendredi le chef de la diplomatie britannique à placer le respect des droits humains au "centre" des relations bilatérales.
"David Lammy est entré en fonction en promettant de rétablir l'engagement de la Grande-Bretagne à l'égard du droit international", a indiqué dans un communiqué Maya Wang, responsable Chine de HRW.
"Une visite en Chine, un pays qui cherche régulièrement à miner, manipuler ou ignorer ces cadres juridiques, mettra certainement cette ambition à l'épreuve."
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S.Urciuoli--PV