Pallade Veneta - Grève "historique" contre la chute de la production chez Stellantis en Italie

Grève "historique" contre la chute de la production chez Stellantis en Italie


Grève "historique" contre la chute de la production chez Stellantis en Italie
Grève "historique" contre la chute de la production chez Stellantis en Italie / Photo: MARCO BERTORELLO - AFP

Des milliers de salariés en grève du géant automobile Stellantis en Italie manifestaient vendredi au son de tambours et sifflets dans les rues de Rome pour fustiger le "désengagement" du constructeur de la péninsule et une production en chute libre.

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Les 40.000 employés du groupe en Italie ainsi que les salariés de ses fournisseurs étaient appelés par les syndicats à observer une grève nationale de 24 heures pour réclamer des garanties sur l'emploi et la production de nouveaux modèles.

Selon les syndicats, qui tablaient sur 15.000 manifestants, ce sera "une grève historique comme il n'y en a pas eu depuis plus de quarante ans" dans les usines de l'ancien fleuron national Fiat.

Le constructeur italien avait fusionné en 2014 avec l'américain Chrysler avant de se marier avec le français Peugeot-Citroën (PSA), donnant naissance en janvier 2021 au groupe Stellantis.

"Je ne travaille plus qu'un ou deux jours par semaine", se désole Giuseppe Carbonara, 52 ans, venu de Bari (sud-est) et depuis trente ans salarié du secteur automobile.

"Il n'y a pas de politique industrielle en Italie. Nous demandons au gouvernement d'ouvrir la concertation avec Stellantis", a-t-il plaidé.

Après trois années de hausse, la production de Stellantis en Italie est brusquement repartie à la baisse, chutant de 31,7% à 387.600 véhicules sur les neuf premiers mois de 2024, selon la fédération de la métallurgie FIM-CISL.

- Au plus bas depuis 1956 -

"C'est le pire chiffre depuis 1956", a assuré à l'AFP son secrétaire général Ferdinando Uliano, qui s'attend à une production "inférieure à 500.000 véhicules" pour l'ensemble de l'année, contre plus de 751.000 en 2023.

Pressé par le gouvernement nationaliste de Giorgia Meloni, le patron de Stellantis, Carlos Tavares, s'était pourtant engagé en juillet 2023 à porter la production à un million d'unités d'ici 2030, un objectif qui semble désormais hors de portée.

En cause, les ventes de véhicules électriques en Europe qui patinent depuis la fin de l'année 2023, surtout faute de modèles abordables, alors que Bruxelles a décrété l'interdiction de la vente de voitures thermiques à l'horizon 2035.

A deux jours de la grève, Stellantis avait annoncé que plusieurs de ses usines italiennes seraient de nouveau à l'arrêt en novembre pour réguler la production, invoquant "la baisse des commandes sur le marché des véhicules électriques en Europe".

Acte symbolique, la production de l'emblématique Fiat 500 en version électrique dans l'usine de Mirafiori, près de Turin, a été suspendue à la mi-septembre jusqu'au 1er novembre.

- Usines au ralenti -

Ancien haut-lieu de l'âge d'or de Fiat où est produite aussi la Maserati, Mirafiori "s'éteint à petit feu", a déclaré à l'AFP Maurizio Oreggia, coordinateur national pour l'automobile du syndicat Fiom-Cgil.

"Les Maserati, quand ils en font, c'est seulement sept par jour", a-t-il soupiré.

Les salariés de Mirafiori ont enchaîné cette année des périodes de chômage technique dues à une baisse de la demande, mais aussi au retard qu'a pris le lancement par le gouvernement de bonus écologiques pour l’achat de véhicules électriques.

La grève générale "enverra un message fort et clair à Stellantis et au gouvernement: le temps est écoulé, l'industrie automobile est en train de mourir, on risque un drame social sans précédent", a prévenu Rocco Palombella, secrétaire général du syndicat Uilm.

Le torchon brûle depuis plusieurs mois entre le gouvernent de droite et d'extrême droite de Giorgia Meloni et Stellantis, Rome reprochant au constructeur franco-italo-américain de délocaliser sa production dans des pays à bas coûts, au détriment des usines italiennes.

Convoqué à la mi-octobre pour une audition au Parlement italien, M. Tavares n'a su convaincre ni députés ni syndicats, en sollicitant davantage de subventions et dénonçant les coûts de production trop élevés en Italie en raison du prix de l'énergie.

"M. Tavares affirme qu'il ne veut pas quitter l'Italie, mais il n'y a pas d'engagements contraignants ni de clarté sur les investissements et les nouveaux modèles", a regretté Rocco Palombella.

Depuis la fusion entre Peugeot-Citroën et Fiat Chrysler en 2021, les effectifs de Stellantis en Italie ont été réduits de plus de 10.000 personnes.

C.Conti--PV