Le Botswana élit son président et Parlement, continuité probable
Un million d'électeurs sont appelés mercredi à voter pour élire leurs futurs président et Parlement au Botswana, une démocratie stable d'Afrique australe dominée par le même parti depuis l'indépendance.
La campagne a connu un regain de vitalité ces dernières semaines grâce aux efforts de l'ex-chef d'Etat Ian Khama pour nuire au sortant Mokgweetsi Masisi, qu'il avait lui-même désigné et dont le premier mandat a été marqué par une économie en berne, très dépendante du diamant.
La croissance devrait ralentir à 1% en 2024, contre 2,7% en 2023, selon la Banque mondiale. Le chômage atteint 27%, et jusqu'à 38% chez les jeunes.
L'éloquent président Mokgweetsi Masisi, 63 ans, brigue un second mandat face à une opposition divisée, dans ce pays largement désertique qui ne compte que 2,6 millions d'habitants.
Face à lui, l'opposition est menée par une coalition de gauche, l'Umbrella for Democratic Change (UDC), dirigé par Duma Boko, 54 ans, avocat des droits humains.
Mais ses chances de peser ont chuté quand ses deux principaux partenaires de l'opposition - le Botswana Congress Party (BCP) et le Botswana Patriotic Front (BPF) - ont décidé de présenter leurs propres candidats à la présidence.
Lors d'un dernier meeting de campagne mardi, devant plusieurs centaines de partisans en rouge rassemblés à la nuit tombée dans la capitale, le président Masisi a affiché sa confiance: "En 2019, j'avais tout raflé à Gaborone. Cette fois-ci je vais confirmer!"
Dès 06H30 (05H30 GMT), les électeurs sont appelés à s'exprimer dans un système uninominal à un tour qui requiert le plus grand nombre de sièges pour l'emporter, et non 50%. Le parti avec le plus grand nombre de députés formera un gouvernement dirigé par le candidat à la présidence.
- Victoire "évidente" -
Le charismatique Ian Khama, 71 ans, est revenu d'exil il y a six semaines, dans l'espoir de réparer ce qu'il a qualifié d'"erreur" en cédant sa place en 2018 à Mokgweetsi Masisi.
S'il ne peut se représenter, après avoir déjà fait deux mandats, il soutient principalement le BPF, et a tenu des meetings qui ont rassemblé de larges foules.
Le BPF a été fondé par ses partisans lorsqu'il a quitté avec éclat le parti au pouvoir quelques mois après l'entrée en fonction de M. Masisi, qui avait remporté 52% des voix à la présidentielle de 2019.
Si le rôle de M. Khama ne doit pas être sous-estimé, son influence est limitée à quelques districts, dont le centre, où il est chef de tribu, soulignent les analystes.
M. Masisi devrait l'emporter, selon les experts. Son parti, le Botswana Democratic Party (BDP), est le seul à avoir gouverné depuis l'indépendance de la Grande-Bretagne en 1966.
"Le chemin du BDP vers la victoire semble non seulement probable mais de plus en plus évident", écrivait mardi le journal indépendant Mmegi.
Sous M. Masisi, la croissance a souffert de l'affaiblissement de la demande de diamants - sa principale source de revenus - face à la concurrence des brillants de synthèse.
"Le gouvernement continue de dépenser de manière excessive, malgré la baisse des revenus. On va vers la crise", estime Zibani Maundeni, politologue à l'université du Botswana.
"Les citoyens ont l'impression de ne pas profiter pleinement des richesses minières du pays", note Tendai Mbanje, chercheur au Centre africain pour la gouvernance, bien que ces revenus aient permis à l'Etat de construire écoles, hôpitaux et infrastructures modernes et continuent à financer l'éducation et la santé.
A.Saggese--PV