Le "jeu de la virgule", défi dangereux, se répand dans les cours d'école
Plusieurs blessés sont déjà à déplorer: nouveau défi sur TikTok, le "jeu de la virgule", qui consiste à donner deux coups secs dans la nuque, se propage dans les écoles, collèges et lycées, malgré des mises en garde sur les dangers de cette pratique.
La virgule serait l'héritière du "houlisday", une tendance lancée vers 2011 qui a connu son âge d'or sur les réseaux Vine et Snapchat en 2014, et est apparue sur TikTok depuis au moins 2021. Ce "houlisday" consiste à danser avant de donner une tape sur le crâne de quelqu'un d'autre.
Cette année, c'est le terme "virgule" qui a pris le dessus sur les réseaux sociaux, avec une évolution de la tendance qui semble s'être accélérée depuis le printemps: donner deux tapes brusques derrière la tête, l'une dans un sens et l'autre dans le sens opposé, en faisant pivoter la tête dans un mouvement ressemblant à une virgule, parfois en se filmant pour poster la vidéo.
Un défi dangereux qui se développe surtout dans les collèges et lycées, et sur lequel alertent les médecins.
"Ce jeu de la virgule entraîne des mouvements brusques au niveau de la colonne cervicale. A minima cela peut provoquer une contracture, un peu comme le coup du lapin, mais ça peut aussi aller jusqu'à une entorse cervicale voire une fracture", met en garde Brigitte Virey, présidente du Syndicat national des pédiatres français, auprès de l'AFP.
"On peut se poser des questions à la longue sur les lésions possibles", poursuit-elle, car "c'est un endroit où passent tous les nerfs qui descendent du cerveau". "Il y a aussi des vaisseaux et cela peut donc avoir des conséquences graves".
Cette pratique n'est "pas anodine du tout" et "peut aller au maximum jusqu'à une paralysie", explique cette pédiatre. "S'il y a une douleur, que l'enfant a du mal à mobiliser sa tête, il ne faut pas hésiter à voir un médecin".
L'alerte est notamment venue des Landes où la mère d'un collégien victime de cette pratique a prévenu son établissement mi-septembre.
- "Caractère viral" -
La direction départementale de l'Education nationale des Landes a réagi en envoyant une note interne pour "attirer l'attention des chefs d'établissement" sur ce jeu malheureux et "appeler à une vigilance renforcée des équipes", demandant qu'elles soient "sensibilisées", de même que les délégués de classe, indique le rectorat à l'AFP.
En Bretagne, plusieurs cas ont également été signalés. A Guer (Morbihan), un collégien en classe de 6e, victime à plusieurs reprises de ces coups sur la nuque en septembre, a dû porter une minerve pendant dix jours, a rapporté Ouest-France.
Sa mère a porté plainte contre les cinq agresseurs présumés, a indiqué à l'AFP Maxime Antier, le procureur de la République de Vannes, et une enquête a été ouverte à la gendarmerie de Guer pour "violences sur mineur de quinze ans au sein d’un établissement scolaire ayant entraîné une ITT inférieure à 8 jours".
Le collège a décidé de les exclure pour une semaine et l'un d'eux, récidiviste, a été convoqué devant le conseil de discipline, selon Ouest-France.
A Quimper, un lycéen a souffert d'une entorse aux cervicales la semaine dernière et a été pris en charge aux urgences, selon Ouest-France.
Dans le sud de la France, à Brignoles (Var), une lycéenne s'est rendue chez un médecin fin septembre à la suite de ces coups, a indiqué à l'AFP le rectorat de Nice. Le proviseur a envoyé un mail à tous les parents, expliquant la situation.
A Fuveau (Bouches-du-Rhône), le principal du collège Font d'Aurumy a lui aussi envoyé il y a quelques jours un message aux parents pour faire de la prévention.
"J'ai su, par un parent d'élève, que le geste avait existé dans une classe. Et donc, au départ, j'ai ciblé cette classe", explique Philippe Benoit-Lizon à l'AFP. Puis "je me suis dit qu'aucun établissement n'y couperait et qu'il était préférable de prendre les devants".
"On n'est pas dans le cadre d'un phénomène nouveau" de pratiques dangereuses, estime-t-il, citant le "jeu du foulard" qui consiste à bloquer sa respiration jusqu'à l'évanouissement et est la cause de plusieurs décès. Mais "aujourd'hui, ils ont un caractère viral", regrette-t-il.
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T.Galgano--PV