Menaces d'attentat et vidéo de décapitation envoyées à des lycées d'Ile-de-France
Des messages de menaces d'attentat terroriste, accompagnés d'une vidéo de décapitation, ont été envoyés à des lycées de la région parisienne via les Espaces numériques de travail (ENT) piratés, des faits qui interviennent après une vague d'alertes à la bombe dans plusieurs établissements à l'automne.
"Au moins une trentaine d'établissements" d'Ile-de-France, "essentiellement des lycées" ont reçu des "menaces" avec "apologie et provocation au terrorisme" depuis mercredi, soit "plusieurs infractions graves", a indiqué à l'AFP le ministère de l'Education nationale, qui "condamne ces menaces graves".
Les menaces sont "passées par l'ENT, boîte mail interne de l'école ou encore le site Pronote", a précisé le ministère. Il "s'assure, par ailleurs, qu'il n'y a pas de compromission des réseaux du fait de l'envoi de ces messages".
L'ENT est un espace numérique qui sert de lien entre enseignants, élèves et parents. Pronote est un logiciel utilisé par l'Education nationale pour entrer les notes des élèves.
"Des services d'enquête spécialisés sont mobilisés pour identifier le ou les auteurs", a ajouté le ministère, qui "propose un accompagnement psychologique à tous les enfants ou adultes qui ont visionné malgré eux les vidéos choquantes".
"Les services de police, immédiatement avisés, font le nécessaire pour s'assurer de la sécurité des élèves", a-t-il assuré.
Selon le rectorat de Créteil, "plusieurs lycées de l'académie" (qui regroupe les départements de Seine-et-Marne, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne) sont concernés. "Les services de police ont été immédiatement informés pour chaque situation" et sont intervenus pour s'assurer de la sécurité des personnes.
Des lycées de l’académie de Paris et une vingtaine dans l'académie de Versailles (Val-d'Oise, Yvelines et Hauts-de-Seine) ont aussi reçu ces menaces, ont indiqué les rectorats concernés.
Selon une source policière dans les Yvelines, un message annonçant un attentat à l'explosif a été envoyé à au moins cinq lycées du département, mercredi soir et dans la nuit de mercredi à jeudi. "Le ou les auteurs pirataient une adresse mail d'un élève afin de diffuser le message et une vidéo de décapitation sur toutes les boîtes".
- "Extrême gravité" -
Tous les élèves et le personnel du lycée Jean-Monnet de Franconville (Val-d'Oise), par exemple, ont reçu un message "menaçant l’établissement d'une attaque terroriste pour le jeudi 21 mars 2024", a indiqué une source policière à l'AFP. Ce mail était "accompagné de liens donnant accès à une vidéo montrant des individus se faire décapiter".
En Seine-et-Marne, au lycée Jean-Moulin de Torcy, un message a été "envoyé sur les réseaux sociaux indiquant que du C4 (une variété d'explosifs, NDLR) était dissimulé dans l'ensemble de l'établissement au nom d'Allah", selon une autre source policière.
Dans les Hauts-de-Seine, 13 établissements "à ce stade" sont concernés et des plaintes ont été déposées, a indiqué la préfecture.
La région Ile-de-France a annoncé avoir "déposé plainte" jeudi matin "au cyber-parquet de Paris suite à la création d’un site frauduleux visant à hacker l’ENT régional".
A la suite de ce piratage, "des mails frauduleux ont été envoyés à des lycéens d’Ile-de-France avec des menaces d’attentat islamiste", a-t-elle ajouté.
La présidente de la région, Valérie Pécresse, dénonce "des faits d'une extrême gravité, qui appellent des sanctions exemplaires pour les auteurs de ces infractions". L’ENT d’Ile-de-France a été suspendu.
Les menaces d'attentat interviennent après une vague de fausses alertes à la bombe qui avaient touché plusieurs centaines d'établissements scolaires à l'automne, 800 selon des chiffres du gouvernement à la mi-novembre.
Elles s'étaient multipliées après l'attaque jihadiste qui a coûté la vie à l'enseignant Dominique Bernard, à Arras, le 13 octobre.
Une réunion interministérielle sur la sécurité des établissements scolaires doit se dérouler jeudi après-midi sous la houlette du Premier ministre Gabriel Attal, en présence de la ministre de l'Education nationale, Nicole Belloubet, et du ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti.
I.Saccomanno--PV