Pakistan: le chef de l'ONU au chevet des victimes des inondations
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a commencé vendredi une visite de deux jours au Pakistan, dont les autorités espèrent qu'elle permettra de renforcer le soutien de la communauté internationale devant la crise humanitaire causée par les inondations.
Un tiers du Pakistan est sous les eaux - une zone de la taille du Royaume-Uni -, après des mois de pluies diluviennes, qualifiées la semaine passée de "mousson cataclysmique" par M. Guterres.
Le gouvernement pakistanais estime qu'il faudra au moins 10 milliards de dollars pour réparer et reconstruire les infrastructures endommagées ou détruites, une somme impossible à rassembler seul pour un pays déjà fortement endetté.
Mais avant même de penser à la reconstruction, la priorité reste de nourrir et d'abriter les millions de personnes déplacées par les pluies.
Rozina Solangi, une femme au foyer de 30 ans habitant un village inondé près de Sukkur (Sud), espère que la visite de M. Guterres aura un effet positif.
"S'il vient nous voir, Allah le bénira", a-t-elle déclaré vendredi à l'AFP. "Tous les enfants, les hommes, les femmes rôtissent dans cette chaleur torride. Nous n'avons rien à manger, pas de toit sur la tête. Alors il doit faire quelque chose pour les pauvres."
Dans un tweet en vol, M. Guterres a expliqué vouloir "être avec les gens dans un moment difficile, encourager le soutien international et attirer l'attention du monde sur les répercussions désastreuses du changement climatique".
Il visitera samedi des régions inondées du Sud, ainsi que la cité millénaire de Mohenjo Daro, classée au patrimoine mondial de l'Unesco et menacée par les flots
- Tentes et bâches -
La mousson, qui dure habituellement de juin à septembre, est essentielle à l'irrigation des plantations et à la reconstitution des ressources en eau du sous-continent indien. Mais le Pakistan n'avait pas connu de pluies aussi soutenues depuis au moins trois décennies.
Islamabad impute ces inondations dévastatrices, qui ont affecté plus de 33 millions de personnes, au changement climatique, qui augmente la fréquence et l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes sur toute la planète.
Cette année, le pays a déjà été confronté à une vague de chaleur qui a parfois dépassé les 50 °C, à des feux de forêts ravageurs et à des crues dévastatrices causées par la fonte rapide des glaciers.
Le Pakistan est responsable de moins de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais il figure en 8e position des pays les plus menacés par les phénomènes météorologiques extrêmes, selon une étude de l'ONG Germanwatch.
L'aide a commencé à arriver dans le cadre d'un plan d'urgence pour les six prochains mois préparé par le gouvernement pakistanais et l'ONU, après un appel aux dons de 160 millions de dollars fin août.
Jeudi, un C17 de l'US Air Force a atterri - le premier avion militaire américain à venir au Pakistan depuis des années - et fourni des tentes et des bâches.
Si Washington est un fournisseur clé de matériel militaire à Islamabad, les relations entre les deux capitales se sont tendues en raison de leurs intérêts divergents en Afghanistan, en particulier après le retour des talibans au pouvoir en août 2021.
- Radeaux improvisés -
Le Pakistan a reçu deux fois plus de précipitations qu'habituellement, selon le service météorologique. Dans les provinces du sud (Baloutchistan et Sind), les plus touchées, les pluies ont été plus de quatre fois supérieures à la moyenne des 30 dernières années.
Ces intempéries ont provoqué des crues soudaines dans les rivières du Nord montagneux, qui ont emporté routes, ponts et bâtiments en quelques minutes, et une lente accumulation d'eau dans les plaines du Sud qui a submergé des centaines de milliers de kilomètres carrés de terres.
Au sein du district de Jaffarabad, dans la province du Baloutchistan, des villageois fuyaient jeudi leurs habitations sur des radeaux improvisés faits de "charpoy", ces lits en bois et cordes tressées traditionnels.
Des centaines de camps de fortune sont apparus sur les rares espaces encore secs du sud et de l'ouest du pays. Les routes ou voies ferrées surélevées sont souvent les derniers endroits où l'eau ne s'est pas glissée.
Les gens étant entassés ensemble et avec leur bétail, des épidémies sont à craindre. De nombreux cas de dengue, maladie propagée par des moustiques, et de gale ont déjà été recensés.
Selon les derniers chiffres de l'Autorité nationale de gestion des catastrophes (NDMA), les inondations ont provoqué la mort de près de 1.400 personnes depuis juin.
Près de 7.000 km de routes ont été emportés, 246 ponts détruits et 1,7 million d'habitations et entreprises détruites ou gravement endommagées.
I.Saccomanno--PV