Algérie: la majorité des incendies éteints, encore 13 en cours
Les pompiers en Algérie poursuivent mardi leurs opérations pour éteindre 13 incendies qui ravagent le nord et l'est du pays, la majorité des feux de forêts qui ont fait ces derniers jours au moins 34 morts étant maîtrisés, selon les autorités.
"La protection civile a pu éteindre la majorité des incendies, soit 80%, après une mobilisation ininterrompue durant la nuit de lundi à mardi", a précisé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué mardi.
Il reste 13 foyers dans 7 wilayas (préfectures) du nord et de l'est, a ajouté le ministère. Les moyens aériens de lutte anti-incendie aériens et l'amélioration des conditions météorologiques, notamment la baisse des températures qui avaient atteint un pic de 48 degrés dans certaines zones, ont grandement contribué aux progrès des soldats du feu, selon la même source.
Chaque été, le nord et l'est de l'Algérie sont frappés par des feux de forêt, un phénomène qui s'accentue d'année en année sous l'effet du changement climatique, entraînant sécheresses et canicules.
En Tunisie voisine, dans la zone frontalière de Tabarka (nord-ouest), de graves incendies ont également touché une région déjà dévastée par des feux la semaine précédente. Plus de 300 habitants du village de Melloula ont été évacués lundi par voie maritime, d'autres par voie terrestre. D'autres incendies se poursuivaient mardi dans trois zones du nord-ouest (Bizerte, Siliana, Beja).
Depuis dimanche, près de 100 incendies ont touché plus de 15 préfectures en Algérie, surtout celles de Bouira, Jijel et Béjaïa, déjà concernées ces deux dernières années par de graves feux dans lesquels avaient péri près de 130 personnes.
Des soldats se sont retrouvés encerclés par les flammes alors qu'ils étaient évacués de Beni Ksila, dans la zone de Béjaïa, accompagnés d'habitants de hameaux limitrophes. Dix militaires ont péri, selon le ministère de la Défense.
Les incendies ont fait également plus de 80 blessés, parmi lesquels 25 soldats, dans la région de Béjaïa, selon le média local Radio Soummam.
Plus de 1.500 personnes ont dû être évacuées alors que des tornades de feu se rapprochaient de leurs maisons. Des stations balnéaires du littoral prisées des estivants ont également été détruites par les flammes.
Les villages touchés, dont une bonne partie situés dans la région montagneuse de Kabylie, sont très boisés et soumis depuis des semaines à une intense canicule qui a asséché la végétation, rendue vulnérable au moindre départ de feu.
"Je n'ai plus où aller maintenant. Ma maison et celle de mon fils ont été complètement ravagées par les flammes", a témoigné une septuagénaire en pleurs, sur la chaîne Berbère télévision, après avoir perdu sa belle-fille et sa petite fille, à Ait Oussalah, près de Béjaïa.
- "Comme un chalumeau" -
Des images de médias locaux ont montré des champs et des maquis en feu, des voitures calcinées et des devantures de magasins réduites en cendres. Des témoins ont décrit des langues de feu dévorantes se déclenchant soudainement "comme un chalumeau".
En août 2022, de gigantesques incendies avaient fait 37 morts dans la région d'El Tarf, dans le nord-est. L'été 2021 avait été le plus meurtrier depuis des décennies: plus de 90 personnes avaient péri dans des feux ayant dévasté le nord, en particulier la Kabylie.
Plus de 8.000 agents de la protection civile et 525 camions ont été mobilisés ainsi qu'un bombardier de grande capacité, et des avions et hélicoptères anti-incendie affrétés récemment.
Le procureur général de Béjaïa a ordonné, selon un communiqué, l'ouverture d'enquêtes préliminaires pour déterminer les causes des incendies et identifier d'éventuels auteurs.
Pour éviter la réédition des deux précédents étés, les autorités avaient sonné la mobilisation au printemps, en se procurant des bombardiers d'eau dont six loués en Amérique du sud.
Elles avaient aussi aménagé des aires d'atterrissage d'hélicoptères dans 10 préfectures et mobilisé des drones de fabrication locale pour la prévention des incendies.
"Au regard de toutes ces mesures, pourquoi n'a-t-on pas pu éviter la catastrophe?", s'interroge mardi le site d'information TSA, se demandant "ce qui empêche l'acquisition de Canadairs, en nombre suffisant", pourquoi "les villages en lisière de forêt ne sont-ils pas suffisamment protégés", "qui est responsable de la déforestation" et quelles sont "les responsabilités des habitants et des autorités locales".
J.Lubrano--PV