Au moins 55 morts dans les incendies à Hawaï, les secouristes à la recherche des disparus
Les pompiers s'efforçaient vendredi d'éteindre les feux qui ont fait au moins 55 morts et causé des scènes apocalyptiques à Hawaï, un bilan qui risque de s'alourdir et de devenir le pire de l'histoire récente de l'archipel américain.
Fulgurants, les incendies ont dévoré maisons, commerces et même bateaux sur l'île de Maui, et quasiment rasé la ville historique de Lahaina, ancien capitale du royaume de Hawaï au 19è siècle.
C'est "catastrophique", a dit le gouverneur de Hawaï, Josh Green. "Ce que nous avons vu était probablement la plus grande catastrophe naturelle de l'histoire de l'Etat de Hawaï", a-t-il ajouté.
Car "nous allons continuer à voir des pertes de vies" humaines, a-t-il poursuivi. Et le bilan dépassera selon toute vraisemblance celui du tsunami de 1960 (61 morts), a-t-il expliqué.
Selon le maire du comté de Maui, Richard Bissen, les dépouilles ont été retrouvées "à l'extérieur" des habitations ou des commerces.
"Nous n'avons pas encore cherché à l'intérieur des édifices", a-t-il dit sur NBC, laissant entendre que le nombre pourrait augmenter.
Des secouristes tentaient de retrouver les personnes disparues, et la Californie a annoncé envoyer des équipes pour appuyer le personnel local.
Le président Joe Biden s'est entretenu avec le gouverneur Josh Green, a fait savoir vendredi la Maison Blanche. Le démocrate a décrété jeudi l'état de catastrophe naturelle à Hawaï, ce qui va permettre de débloquer d'importantes aides fédérales pour financer les secours, hébergements d'urgence et efforts de reconstruction.
- Sirènes -
De Lahaina, il ne restait quasiment que des tas de cendres au milieu de carcasses de voitures et d'arbres calcinés.
Traumatisés par la vitesse des feux, des habitants ont raconté avoir dû fuir en un rien de temps; et des voix ont commencé à s'interroger sur l'efficacité du système d'alerte à Hawaï, d'autant plus que le numéro d'urgence a arrêté de fonctionner dans certaines régions au moment du sinistre et que des coupures de courant ont affecté plusieurs zones.
"On a vu la fumée de loin. Le temps qu'on rentre, en une ou deux minutes, la fumée noire s'infiltrait dans la maison. Il fallait se dépêcher, on a pris ce qu’on a pu, les choses importantes. On a pris la voiture, on voyait les flammes chez les voisins, leur maison brûlait déjà", a décrit à l'AFP Saraí Cruz, 28 ans, qui travaillait dans l'un des restaurants les plus populaires de Front Street, à Lahaina.
Selon des habitants cités par les médias américains, les sirènes qui doivent retentir en cas de séisme, de tsunami ou d'incendie n'ont pas été activées.
Certains ont indiqué avoir reçu des alertes sur leur téléphone portable, d'autres non.
Claire Kent, qui travaillait à Lahaina, a dit au New York Times avoir commencé à paniquer lorsqu'elle a vu une épaisse fumée noire et entendu une explosion. Alors qu'elle s'enfuyait en voiture, un homme à vélo criait "Il faut que vous partiez!".
"C'est ce qui s'est le plus approché d'une alerte", a dit Mme Kent.
Interrogé à ce sujet par NBC, le maire Richard Bissen a dit ne pas vouloir faire de commentaire sur les sirènes, mais a déclaré que les autorités avaient dû faire face à une "situation impossible".
"Tout est arrivé si vite", a-t-il affirmé.
Alimentés par des vents nourris par la force de l'ouragan Dora, qui passe actuellement dans l'océan Pacifique, les feux se sont propagés si rapidement que la population a été prise de court: des dizaines d'habitants se sont ainsi jetés à la mer pour échapper aux flammes, selon les garde-côtes.
Ces incendies ravageurs interviennent au milieu d'un été marqué par une série d'événements météorologiques extrêmes, partout sur la planète.
Le pape François s'est dit "profondément attristé" par les incendies et a exprimé sa "solidarité" avec les victimes, dans un télégramme publié par le Vatican.
Les incendies se sont étendus en partie à cause d'une végétation "particulièrement desséchée" à Maui, qui a connu des précipitations en dessous de la moyenne ce printemps et des températures plus élevées que d'habitude, selon Thomas Smith, professeur de géographie environnementale à la London School of Economics and Political Science.
T.Galgano--PV