Au moins 93 morts dans les incendies à Hawaï, les autorités très critiquées
Au moins 93 personnes sont mortes dans les incendies qui ont ravagé Maui, une île de l'archipel de Hawaï, selon un nouveau bilan du désastre dont la gestion est âprement critiquée.
Le comté de Maui a annoncé samedi soir ce nouveau bilan (dimanche en heure GMT, Hawai étant sur le fuseau GMT-10), bien au-delà des conséquences humaines de la dernière grande catastrophe naturelle dans cet Etat américain, le tsunami de 1960 qui avait fait 61 morts sur l'île d'Hawaï.
Les habitants, encore sous le choc, ont commencé à constater l'étendue des dégâts à Lahaina, une cité balnéaire de 13.000 habitants quasiment réduite à néant.
"Ça a tout pris, tout! Ça me brise le coeur", se désole Anthony Garcia, 80 ans, installé dans la ville depuis une trentaine d'années.
Autour, les survivants remuent les cendres dans l'espoir de retrouver photos ou objets.
Un majestueux figuier des banians, attraction touristique, a été léché par les flammes mais semble avoir survécu. Il se dresse, désormais solitaire, au milieu des ruines.
Comme les habitants, la justice cherche à comprendre comment le drame a pu prendre de telles proportions : une enquête a été ouverte sur la gestion de la crise par les autorités.
Leur communication pendant le drame est en question. Des habitants ont souligné auprès de l'AFP n'avoir ont pu compter que sur le "réseau noix de coco" - le bouche-à-oreille. Une femme, Vilma Reed, a raconté "avoir découvert qu'il y avait le feu quand il était en face" de sa maison - partie en fumée.
Maui a subi de nombreuses coupures de courant pendant la crise et le numéro d'urgence 911 a cessé de fonctionner dans certaines parties de l'île, tandis que les sirènes d'alerte aux incendies n'ont pas été actionnées.
Les alertes, habituellement transmises par téléphone, n'ont pas pu être reçues car "il n'y avait pas de réseau" et "clairement, nous n'avons pas prévu de solutions de secours pour assurer la sécurité des habitants", a admis samedi Jill Tokuda, une élue démocrate de Hawaï.
"Nous avons sous-estimé la dangerosité et la rapidité du feu", a-t-elle regretté.
L'île n'a sans doute pas fini de compter ses morts. Seule une petite partie de la zone incendiée a été fouillée, selon le chef de la police John Pelletier.
Et seules deux victimes de ce brasier, qui a fait fondre les objets en métal, ont pu être identifiées, a-t-il aussi dit.
Les Etats-Unis n'avaient pas connu de feux aussi meurtriers depuis "Camp Fire", un incendie en Californie qui avait détruit la petite ville de Paradise et tué 86 personnes en 2018.
- 5,52 milliards de dollars -
Quelque 2.207 bâtiments, majoritairement résidentiels, ont été détruits ou endommagés, selon l'agence fédérale chargée de la réponse aux catastrophes naturelles (Fema).
Rien que pour l'incendie de Lahaina, le coût de la reconstruction est estimé à 5,52 milliards de dollars.
Le feu a été "incroyablement dévastateur", selon Jeremy Greenberg, un responsable de la Fema interviewé sur MSNBC. "Ces types d'incendies peuvent se propager sur une distance équivalente à un terrain de football américain en 20 secondes ou moins."
Les pompiers ont dû lutter contre de multiples brasiers simultanés et alimentés par des vents violents, eux-mêmes nourris par la force de l'ouragan Dora.
Face à la vitesse de la progression des flammes, et un incendie "aussi intense que l'enfer", selon un rescapé, Ekolu Brayden Hoapili, la population de Lahaina a dû fuir sans se retourner, parfois même en se jetant dans l'océan pour s'en échapper.
Samedi soir les pompiers continuaient à lutter contre un autre incendie dans une région montagneuse de l'île.
Ce désastre intervient au milieu d'un été marqué par une série d'événements météorologiques extrêmes partout sur la planète, dont une vague de chaleur intense dans le sud des Etats-Unis et des mégafeux de forêt au Canada, des phénomènes liés au réchauffement climatique selon les experts.
Ils se sont propagés d'autant plus facilement que la partie ouest de Maui, où se trouve Lahaina, subit actuellement une sécheresse "sévère" à "modérée", selon le US Drought Monitor.
J.Lubrano--PV