Pallade Veneta - Kenya: le vice-président, menacé de destitution, hospitalisé avant le vote au Sénat

Kenya: le vice-président, menacé de destitution, hospitalisé avant le vote au Sénat


Kenya: le vice-président, menacé de destitution, hospitalisé avant le vote au Sénat

La procédure de destitution inédite du vice-président kényan Rigathi Gachagua a été bouleversée jeudi, quelques heures avant le vote prévu au Sénat, après que l'un de ses avocats a déclaré qu'il était tombé malade et était hospitalisé.

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Les audiences ont été suspendues jusque 17H00 (14H00 GMT), dernier développement de ce feuilleton politique qui a tenu le pays en haleine.

L'Assemblée nationale a approuvé à une écrasante majorité la semaine dernière une motion de destitution contre le vice-président, en conflit ouvert avec le chef de l'Etat William Ruto depuis plusieurs mois.

M. Gachagua, 59 ans, est notamment accusé de détournements de fonds, de trafics d'influence et d'acquisitions frauduleuses d'hôtels et d'appartements.

Arrivé au Sénat jeudi matin, il devait répondre à ces accusations qu'il a qualifiées de "pure propagande" et de "complot visant à (le) chasser du pouvoir en raison d'autres considérations politiques".

Après la pause déjeuner, il n'est pas revenu dans la salle d'audience.

"La triste réalité est que le vice-président de la République du Kenya est tombé malade, très malade, et (...) est à l'hôpital", a déclaré l'avocat Paul Muite pour expliquer l'absence de M. Gachagua.

"Nous allons suspendre cette séance et la reprendre exactement à 17 heures (14H00 GMT). Nous nous attendons donc à ce que le vice-président se rende à la barre" à ce moment-là, a ordonné le président du Sénat Amason Kingi.

"Il s'agit d'un processus limité dans le temps, malheureusement", a-t-il ajouté.

Pour être adoptée définitivement, la motion doit réunir au moins deux tiers des sénateurs, soit 45 voix.

En cas d'adoption, Rigathi Gachagua serait automatiquement démis de ses fonction, et deviendrait le premier vice-président écarté du pouvoir dans le cadre d'une telle procédure, prévue par la Constitution de 2010.

Mais il a promis de se battre "jusqu'au bout" et de contester destitution en justice si elle était votée.

M. Ruto avait choisi M. Gachagua comme colistier pour la présidentielle de 2022, malgré sa réputation déjà sulfureuse, marquée par plusieurs accusations de corruption.

Doté d'un solide réseau d'influence notamment dans la région stratégique du Mont Kenya, cet ancien homme d'affaires de l'ethnie kikuyu - majoritaire dans le pays - a joué un rôle crucial dans la victoire de M. Ruto face à son rival Raila Odinga (50,49% contre 48,85%).

Mais les relations entre les deux hommes à la tête de l'Etat se sont détériorées notamment depuis un mouvement de contestation antigouvernementale qui a secoué le pays en juin et juillet.

- "Cartouche usagée" -

Les détracteurs du vice-président l'accusent de ne pas avoir soutenu le chef de l'Etat face aux manifestations qui demandaient sa démission. La répression de cette contestation a fait au moins 60 morts.

Le mouvement s'est essoufflé mais le ressentiment est toujours présent, et la crise actuelle au sommet de l'Etat est, pour de nombreux Kényans, un nouveau signe de déconnexion de la classe politique.

William Ruto est resté silencieux sur l'affaire, mais la motion de destitution a été déposée par un membre de la coalition présidentielle, Kenya Kwanza.

M. Gachagua estime que la procédure "ne peut pas" avoir été lancée sans l'accord du chef de l'Etat, et avoir été mis de côté par le gouvernement.

"Je suis désormais considéré comme une cartouche usagée", a-t-il déclaré la semaine dernière. "Ils veulent m'écarter et nommer quelqu'un d'autre, au mépris de la volonté des Kényans".

Parmi les noms de successeurs potentiels évoqués par les médias kényans en cas de destitution figurent le ministre de l'Intérieur Kithure Kindiki, le ministre des Affaires étrangères Musalia Mudavadi et une gouverneure de comté, Anne Waiguru.

Les avocats de M. Gachagua affirment que la procédure de destitution est injuste et précipitée. Le vice-président a tenté de bloquer les débats et le vote au Sénat en justice, mais plusieurs saisines ont été rejetées.

J.Lubrano--PV