Pallade Veneta - Destitution du vice-président kényan: confusion après une décision de justice

Destitution du vice-président kényan: confusion après une décision de justice


Destitution du vice-président kényan: confusion après une décision de justice
Destitution du vice-président kényan: confusion après une décision de justice / Photo: Tony KARUMBA - AFP

La Haute cour kényane a suspendu vendredi le remplacement du vice-président destitué Rigathi Gachagua par le ministre l'Intérieur Kithure Kindiki, dernier bouleversement de ce feuilleton politique qui captive le pays.

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Le président William Ruto a nommé M. Kindiki à la vice-présidence quelques heures après un vote historique du Sénat écartant du pouvoir son adjoint, avec qui il était en conflit ouvert depuis plusieurs mois.

L'Assemblée nationale a d'emblée validé, à l'unanimité, la désignation de cet universitaire devenu un poids lourd politique. Un choix qui devrait, selon des analystes, aider M. Ruto à consolider son emprise sur le pouvoir.

Mais dans un nouveau bouleversement de ce feuilleton politique qui tient le pays en haleine, la Haute cour kényane a au même moment suspendu le processus de remplacement du vice-président, hospitalisé au moment de sa destitution, jusqu’au 24 octobre.

À moins de deux kilomètres du tribunal, l'Assemblée nationale a malgré tout publié ensuite un avis officiel sur la nomination de M. Kindiki, préparant le terrain pour qu'il prête serment mais semant la confusion sur la situation.

Les députés avaient la semaine dernière adopté à une écrasante majorité la motion de destitution de M. Gachagua.

Le Sénat l'a jeudi soir jugé coupable de "violation grave" de la Constitution, de menaces envers les juges et de pratiques politiques de division ethnique.

Rigathi Gachagua, 59 ans, est alors devenu le premier vice-président écarté du pouvoir dans le cadre d'une telle procédure, prévue par la Constitution de 2010.

Il l'a qualifiée de "complot visant à (le) chasser du pouvoir en raison d'autres considérations politiques". Il a assuré la semaine dernière qu'il se battrait "jusqu'au bout".

Mais quelques heures avant le vote de la chambre haute et alors qu'il devait se défendre devant les sénateurs, M. Gachagua a été hospitalisé pour de "fortes douleurs thoraciques". Selon un médecin, son état était jeudi soir stable mais il devait rester en observation entre 48 et 72 heures.

Ses avocats, qui avaient demandé un report du vote du Sénat, jugent sa destitution anticonstitutionnelle et précipitée, M. Gachagua ayant été privé de l'opportunité de se défendre. Ils ont lancé vendredi matin une procédure judiciaire pour bloquer son remplacement.

"En raison des problèmes soulevés" dans cette saisine, "et de l’urgence démontrée, une ordonnance conservatoire est par la présente émise pour suspendre l’application de la résolution par le Sénat", a jugé la Haute cour kényane.

- Bon sens -

M. Ruto avait choisi M. Gachagua comme colistier pour la présidentielle de 2022, malgré sa réputation déjà sulfureuse, marquée par plusieurs accusations de corruption.

Doté d'un solide réseau d'influence notamment dans la région stratégique du mont Kenya, cet ancien homme d'affaires de l'ethnie kikuyu - majoritaire dans le pays - a joué un rôle crucial dans la victoire de M. Ruto face à son rival Raila Odinga (50,49% contre 48,85%).

Mais les relations entre les deux hommes à la tête de l'Etat se sont détériorées notamment depuis le mouvement de contestation antigouvernementale qui a secoué le pays en juin et juillet.

Les détracteurs de M. Gachagua l'accusent de ne pas avoir soutenu le chef de l'Etat face aux manifestations qui demandaient sa démission.

Le mouvement s'est essoufflé, mais le ressentiment est toujours présent et la crise actuelle au sommet de l'Etat est, pour de nombreux Kényans, un nouveau signe de déconnexion de la classe politique.

William Ruto est resté silencieux sur l'affaire qui a mené à la destitution de M. Gachagua. Ce dernier a affirmé que la procédure "ne (pouvait) pas" avoir été lancée sans l'accord du chef de l'Etat.

M. Kindiki est loué par ses partisans pour son bon sens. Mais il a été vivement critiqué pour avoir défendu les forces de l'ordre lors de manifestations antigouvernementales en juin et juillet, dont la violente répression policière a fait au moins 60 morts.

F.M.Ferrentino--PV