Gaza: le Hamas accuse Israël d'avoir pris d'assaut un hôpital, après une frappe meurtrière
Le ministère de la Santé du Hamas a accusé vendredi l'armée israélienne d'avoir pris d'assaut le dernier hôpital fonctionnant dans le nord de la bande de Gaza, théâtre de violents combats, après deux frappes aériennes ayant fait au moins vingt morts à Khan Younès, dans le sud.
Après plus d'un an de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien, le nord de Gaza vit ses "heures les plus sombres", a alerté le Haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Volker Turk. Les actions d'Israël pourraient s'apparenter à "des atrocités criminelles", a-t-il averti.
L'armée, qui depuis le 6 octobre concentre son offensive contre le Hamas dans ce secteur, autour de Jabalia, a affirmé poursuivre ses opérations dans la zone de l'hôpital "sur la base d'informations" sur "la présence de terroristes et de leurs infrastructures".
"Les forces israéliennes ont pris d'assaut l'hôpital Kamal Adwan et sont à l'intérieur", a déclaré le ministère de la Santé du Hamas, formation au pouvoir à Gaza depuis 2007.
Elles "détiennent des centaines de patients, de personnel médical et des personnes déplacées" réfugiés dans l'établissement pour fuir les "bombardements incessants", a-t-il ajouté.
L'Organisation mondiale de la santé a dit avoir perdu le contact avec le personnel de cet hôpital, une "évolution très inquiétante".
L'armée israélienne, qui affirme vouloir venir à bout d'unités combattantes du Hamas dans le secteur, a annoncé la mort de trois soldats dans les intenses combats qui s'y déroulent, portant à 361 morts ses pertes depuis son entrée à Gaza le 27 octobre 2023.
Dans le sud du territoire palestinien, au moins 20 personnes, dont neuf enfants et adolescents, ont été tuées dans deux frappes nocturnes israéliennes sur Khan Younès, avait auparavant annoncé le Défense civile.
"Le missile est tombé à côté de nous, on a été ensevelis sous les décombres", a raconté à l'AFP, le regard vide, Oum al-Amir Al-Fara, mère de trois enfants tués dans ces frappes, à l'hôpital européen de la ville.
- Reprise des pourparlers? -
La guerre dans le territoire palestinien a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.
L'offensive israélienne lancée en représailles a tué au moins 42.847 Palestiniens, majoritairement des civils, d'après les données du ministère de la Santé, jugées fiables par l'ONU.
Israël accentue sa pression sur le nord de Gaza au moment où une reprise des pourparlers pour un cessez-le-feu se dessine, après un appel de Washington à Israël de saisir l'occasion de la mort du chef du Hamas, Yahya Sinouar, tué par des soldats israéliens le 16 octobre.
Le chef du Mossad, David Barnea, doit rencontrer dimanche au Qatar son homologue de la CIA, Bill Burns, et le Premier ministre qatari.
Le Hamas s'est dit jeudi "prêt à un arrêt des hostilités", conditionné toutefois à un "engagement" d'Israël à un cessez-le-feu, à son "retrait" de Gaza et à un "accord sérieux" d'échange entre otages israéliens et prisonniers palestiniens.
Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre, 97 restent captives à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.
Ces conditions ont jusque-là été rejetées par Israël au cours de précédentes négociations indirectes, toutes infructueuses, sous l'égide de Doha, Washington et Le Caire.
- "Pas de couverture médiatique" -
Au Liban, où la guerre à Gaza s'est propagée depuis un mois après un an de conflit larvé entre le Hezbollah pro-iranien et l'armée israélienne, le Premier ministre, Najib Mikati, a accusé Israël de "crime de guerre" pour la mort de trois journalistes dans une frappe qu'il a qualifiée de "délibérée".
Le raid a visé dans la nuit à Hasbaya, un secteur du sud jusque-là épargné par les hostilités, une résidence abritant plusieurs journalistes couvrant le conflit.
Les victimes sont le caméraman Ghassan Najjar et son technicien Mohammed Reda, de la chaîne d'information pro-iranienne Al-Mayadeen, et le journaliste Wissam Qassem, de la télévision du Hezbollah al-Manar.
"Réveillée par le sifflement du missile" pour découvrir les dégâts, Darine el-Helwe, grand reporter de la télévision émiratie Sky News Arabia, estime pour l'AFP que "le message d'Israël est qu'il ne veut pas de couverture médiatique dans le secteur."
- Règlement "urgent" -
Des frappes ont également touché la banlieue sud de Beyrouth, un fief du Hezbollah, où l'armée a annoncé avoir visé "des entrepôts d'armes et centres de commandement" du mouvement chiite.
Dans le sud du Liban, où Israël mène depuis le 30 septembre des opérations au sol, l'armée a annoncé avoir perdu dix soldats en deux jours.
Une salve de roquettes tirée par le Hezbollah, qui poursuit ses attaques quotidiennes contre le nord d'Israël, y a fait deux morts, ont annoncé l'armée et un hôpital israélien.
Une "solution diplomatique" au Liban est "vraiment urgente", a affirmé le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, qui a rencontré vendredi à Londres M. Mikati.
Il a souligné la nécessité de mettre en oeuvre la résolution 1701 de l'ONU, datant de 2006, "afin qu'il puisse y avoir une véritable sécurité le long de la frontière" israélo-libanaise.
Israël mène depuis le 23 septembre des frappes aériennes contre le Hezbollah, affirmant vouloir neutraliser le mouvement chiite dans la zone frontalière, pour permettre le retour dans le nord d'Israël de 60.000 habitants déplacés par ses tirs de roquettes incessants.
Au moins 1.580 personnes ont été tuées au Liban depuis le 23 septembre, d'après un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
L'ONU a recensé quelque 800.000 déplacés.
N.Tartaglione--PV