Municipales au Brésil: Lula et Bolsonaro jaugent leurs forces au 2e tour
Le second tour des élections municipales brésiliennes est en cours dimanche, un test pour les principaux leaders du pays, le président de gauche Lula et son prédécesseur d'extrême droite Jair Bolsonaro, dans l'optique de la présidentielle de 2026.
Le premier tour, le 6 octobre, a été amplement favorable à la droite, même si la gauche entretient l'espoir de l'emporter dans des villes importantes.
"Le principal enjeu de ce second tour est la redistribution des cartes du pouvoir entre les principaux partis de droite et de centre-droit du Brésil", qui sont déjà largement majoritaires au Parlement, explique à l'AFP Geraldo Monteiro, professeur en sciences politiques à l'Université de l'Etat de Rio de Janeiro (UERJ).
A Sao Paulo, la plus grande métropole d'Amérique Latine, le maire sortant Ricardo Nunes, soutenu par Jair Bolsonaro (2019-2022), est favori face à Guilherme Boulos, le candidat adoubé par Luiz Inacio Lula da Silva.
"Le candidat pour qui j'avais voté (il y a trois semaines) n'est pas arrivé au second tour, donc je vais voter pour Nunes, dont les idées sont plus proches", dit à l'AFP Vitor Camargo Reis, 33 ans. Il avait voté au premier tour pour Pablo Marçal, influenceur ultra-conservateur qui avait défrayé la chronique durant toute la campagne.
Le dernier sondage de l'institut Datafolha, publié samedi soir, crédite M. Nunes de 57% des intentions de vote, contre 43% pour son adversaire de gauche dans la mégalopole de plus de 12 millions d'habitants.
"Je suis très optimiste", a déclaré le maire sortant aprés avoir voté dimanche matin dans une école, aux côtés du gouverneur de Sao Paulo Tarcisio de Freitas, ancien ministre des Infrastructures de Jair Bolsonaro.
Guilherme Boulos était pour sa part accompagné de plusieurs ministres du gouvernement Lula, notamment celle de l'Environnement, Marina Silva.
Le président de gauche, qui avait fait campagne à ses côtés à la veille du premier tour, est pour sa part demeuré à Brasilia pour des raisons de santé.
Le chef de l'Etat, qui fête ses 79 ans dimanche, a souffert d'un accident domestique il y a une semaine, s'étant cogné à l'arrière de la tête lors d'une chute dans les toilettes.
- Suspense -
Le second tour concerne seulement les villes de plus de 100.000 habitants où aucun candidat n'a obtenu la majorité absolue des voix il y a trois semaines. Près de 34 millions d'habitants de 51 communes sont appelés aux urnes.
A Rio de Janeiro, le centriste Eduardo Paes, soutenu par Lula, avait été réélu pour un quatrième mandat dès le premier tour.
Mais dans 15 autres capitales d'Etats brésiliens, le résultat final ne sera connu que ce dimanche, et les sondages prévoient un scrutin serré dans neuf d'entre elles.
A Fortaleza (nord-est) et à Cuiaba (centre-ouest), le second tour est un duel entre des candidats du PT de Lula et le Parti libéral (PL) de Jair Bolsonaro.
Dans la ville amazonienne de Belem (nord) qui accueillera la conférence de l'ONU sur le climat COP30 en 2025, le centriste Igor Normando est opposé au bolsonariste Eder Mauro, climato-sceptique notoire.
Le PL avait été un des grands vainqueurs le 6 octobre, élisant deux maires dès le premier tour et plaçant neuf candidats au second dans les capitales d'Etats.
- Leadership contesté -
Cela ne signifie pas pour autant que M. Bolsonaro fait l'unanimité dans le camp conservateur.
Certaines personnalités lui ont reproché son manque d'implication dans la campagne pour Ricardo Nunes à Sao Paulo, comme l'influent pasteur évangélique Silas Malafaia, qui a qualifié l'ex-président d'extrême droite de "lâche" et de "leader à la noix".
L'électorat bolsonariste était divisé, certains préférant le profil ultra-provocateur et antisystème de Pablo Marçal, qui a manqué de peu la qualification au second tour.
L'arrivée de M. Nunes en tête du premier tour est surtout attribuée au soutien appuyé du gouverneur Tarcisio de Freitas, pour représenter la droite à la présidentielle de 2026.
M. Bolsonaro est inéligible jusqu'en 2030 pour des attaques sans preuve contre le système électoral, même s'il espère encore faire annuler cette condamnation.
Lula, quant à lui, laisse encore planer le doute sur une éventuelle tentative de réélection pour un quatrième mandat.
A.Graziadei--PV