Au Botswana, un espoir timide de changement avec les élections
La capitale du Botswana est drapée de rouge, couleur du parti au pouvoir. "Nous sommes dirigés par les mêmes gens, même état d'esprit et mêmes objectifs, depuis l'indépendance", râle Ookeditse Letshwenyo, 23 ans, qui voudrait bien que ça bouge mercredi dans les urnes.
Le président Mokgweetsi Masisi, 63 ans, brigue un second mandat, et les panneaux vantant son Parti démocratique du Botswana (BDP) sont les plus visibles dans les rues de Gaborone, bien tranquilles à la veille du scrutin.
Quelques affiches bleues de l'Umbrella for Democratic Change (UDC) étaient fixées sur des poteaux autour de l'université, bastion du soutien à l'alliance de gauche qui est l'un des trois mouvements d'opposition.
La journée devait être émaillée des derniers meetings de campagne dans ce pays largement désertique, qui ne compte que 2,6 millions d'habitants.
L'opposition est divisée. Les espoirs de changement se sont envolés quand les deux principaux partenaires de l'UDC - le Botswana Congress Party (BCP) et le Botswana Patriotic Front (BPF) - ont fait bande à part, décidant de présenter leurs propres candidats à la présidence, souligne le jeune auto-entrepreneur.
"On ne peut pas déboulonner le BDP tant qu'on est divisé", insiste-t-il, rageur.
Le BDP, qui a pris le pouvoir au départ des Britanniques en 1966, avait remporté 52% des suffrages en 2019, donnant à Masisi un premier mandat qui, selon ses détracteurs, a été marqué par une mauvaise gestion dans un contexte de ralentissement lié à un affaiblissement de la demande mondiale pour les diamants, source majeure de recettes fiscales.
La croissance devrait ralentir à 1% en 2024, contre 2,7% en 2023, selon la Banque mondiale. Le chômage atteint 27% et jusqu'à 38% chez les jeunes.
- Victoire "évidente" -
Sharon Setshwantsho, serveuse de 22 ans, veut voter pour le changement, espérant qu'il apportera des créations d'emplois pour les jeunes. "Nous avons des diplômes, nous sommes allés à l'école, mais beaucoup d'entre nous sont à la rue", confie-t-elle à l'AFP.
Beaucoup de gens de son âge se sentent toutefois peu concernés. "La campagne ne m'a pas motivée à voter", dit Mpho Keorapetse, étudiante en finance de 21 ans, qui n'est même pas inscrite. "Personne n'a dit quoi que ce soit d'essentiel ces derniers mois".
Masego Moleje, pasteure de 55 ans, croit au changement proposé par l'UDC. Son dirigeant, l'avocat des droits de l'Homme Duma Boko, 54 ans, "s'intéresse au pays, plus qu'à lui-même", veut-elle croire. "Il veut créer des emplois pour nous et pour nos enfants".
Dominant la couverture des élections sur la seule chaîne d'information du Botswana, la chaîne publique BTV, le parti au pouvoir bénéficierait d'un soutien plus marqué en dehors de la capitale.
Même s'il risque de perdre les circonscriptions de Gaborone, le chemin du BDP vers la victoire semble non seulement probable mais de plus en plus évident", écrit le journal indépendant Mmegi.
La campagne a été électrisée par les efforts énergiques du précédent président, Ian Khama, 71 ans, revenu d'exil il y a six semaines, dans l'espoir de réparer ce qu'il a qualifié d'"erreur" en cédant sa place en 2018 au président Masisi.
M. Khama a usé de son influence et de sa notoriété pour soutenir l'opposition, mais la portée de son intervention devrait être limitée, estiment nombre d'experts.
"Il devrait laisser tomber et arrêter de tenter d'influencer" le cours de la politique, soupire Bokomoso Fetlhalefile, vendeuse de 25 ans.
Les électeurs s'exprimeront dans un système uninominal à un tour qui ne requiert que le plus grand nombre de sièges pour l'emporter, plutôt que 50%. Le parti avec le plus grand nombre de députés formera un gouvernement dirigé par le candidat à la présidence.
A.dCosmo--PV