Le chef du Hezbollah se dit prêt à poursuivre la guerre contre Israël
Le nouveau chef du Hezbollah, Naïm Qassem, a affirmé mercredi que le mouvement islamiste libanais pouvait continuer à combattre Israël malgré les coups qu'il a reçus, tout en se disant prêt à un cessez-le-feu "sous conditions".
Israël, en guerre depuis septembre contre le Hezbollah, a multiplié mercredi les bombardements sur les fiefs du mouvement chiite au Liban, qui ont visé la ville de Baalbeck, dans l'est, d'où les civils fuyaient en masse, et le sud du pays.
Dans son premier discours depuis sa nomination mardi, Naïm Qassem s'est engagé à poursuivre "le plan de guerre" préparé par son prédécesseur et a affirmé que le Hezbollah avait "commencé à récupérer" après les "coups douloureux" portés par Israël.
Il a ajouté que son groupe, soutenu par l'Iran, ne combattait "pour le compte de personne" et qu'il pouvait continuer la guerre "pendant des mois".
Naïm Qassem s'est dit prêt à un cessez-le-feu avec Israël sous "conditions", mais a estimé qu'aucun projet sérieux n'était encore sur la table.
Des discussions étaient en cours pendant ce temps au sein du cabinet de sécurité israélien sur les termes d'une trêve. "Il y a des discussions, je pense que cela va prendre encore du temps", a déclaré le ministre de l'Energie, Eli Cohen, membre du cabinet.
Israël exige notamment le retrait du Hezbollah du sud du Liban, le déploiement de l'armée libanaise le long de la frontière israélienne et un mécanisme international d'application de la trêve, selon la chaîne de télévision 12.
Le Hezbollah a promis de combattre jusqu'à la fin de l'offensive menée par Israël dans la bande de Gaza contre le Hamas, dont il est un allié.
- Baalbeck en alerte -
La guerre s'est propagée il y plus d'un mois au Liban, où Israël multiplie depuis le 23 septembre les frappes aériennes contre le Hezbollah, parallèlement à une offensive terrestre lancée le 30 septembre dans le sud du pays.
Israël affirme vouloir neutraliser le Hezbollah dans cette région frontalière pour permettre le retour dans le nord du pays de 60.000 habitants déplacés par les tirs de roquettes incessants depuis plus d'un an.
Dans l'est du Liban, les habitants de la ville millénaire de Baalbeck, pris de panique, fuyaient en masse mercredi, après un appel de l'armée israélienne à évacuer, relayé par mosquées et églises.
L'armée a lancé un appel similaire aux habitants de Nabatiyeh.
Selon l'agence de presse libanaise Ani, une dizaine de localités ont été bombardées dans le sud, tandis que des combats faisaient rage dans le secteur de Khiam, à environ six kilomètres de la frontière.
Le Hezbollah a annoncé avoir lancé "une escadrille de drones d'attaque" sur une base militaire proche de Haïfa, dans le nord d'Israël.
Au moins 1.754 personnes ont été tuées depuis le 23 septembre au Liban, d'après un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
- Une trêve "de moins d'un mois" -
Israël poursuit parallèlement ses frappes meurtrières contre le Hamas à Gaza, au moment où les pays médiateurs s'apprêtent à proposer une trêve "de moins d'un mois", prévoyant un échange d'otages contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël et une augmentation de l'aide humanitaire, selon une source proche des négociations.
Cette proposition a fait l'objet de discussions dimanche et lundi à Doha entre le chef du Mossad ( renseignement extérieur israélien), David Barnea, le directeur de la CIA, William Burns, et le Premier ministre qatari.
Les tentatives de médiation menées par le Qatar, les Etats-Unis et l'Egypte, pour imposer un cessez-le-feu dans le territoire palestinien, sont restées vaines jusqu'à présent.
Depuis le 6 octobre, l'armée israélienne concentre principalement son offensive dans le nord du territoire, où au moins sept opérations ayant fait un nombre "massif" de victimes ont été signalées pendant la semaine écoulée, selon le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).
- "Graves pénuries" -
L'Ocha a de nouveau sonné l'alarme mercredi sur la crise humanitaire et affirmé qu'en octobre, "la distribution de nourriture avait été très limitée en raison de graves pénuries dans les approvisionnements".
Israël contrôle strictement l'entrée de l'aide internationale, vitale pour la population. Selon l'Ocha, "plus d'1,7 million de personnes, soit 80% de la population, n'ont pas reçu leurs rations de nourriture pour le mois dans la bande de Gaza".
Mani Abou Nahl, une femme de 35 ans, raconte qu'elle a fui le nord vers Deir el-Balah, dans le centre de Gaza, avec ses cinq enfants dont sa fille de 12 ans, Diala, qui souffre de malnutrition.
"Nous l'avons conduite à l'hôpital Al-Aqsa où les médecins ont dit qu'elle avait besoin de soins, d'apports nutritionnels et d'eau propre, qui ne sont pas disponibles" dans le territoire, a témoigné cette femme, qui se dit "fatiguée, psychologiquement, physiquement, financièrement".
L'offensive israélienne à Gaza a fait 43.163 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
En Israël, l'attaque menée le 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.
Sur les 251 personnes enlevées, 97 restent otages à Gaza dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.
A.Fallone--PV