Pallade Veneta - Une semaine après la censure de Barnier, la France toujours dans l'attente d'un nouveau Premier ministre

Une semaine après la censure de Barnier, la France toujours dans l'attente d'un nouveau Premier ministre


Une semaine après la censure de Barnier, la France toujours dans l'attente d'un nouveau Premier ministre

Toujours pas de dénouement pour Matignon une semaine après la censure du gouvernement Barnier. Seule certitude, le nouveau Premier ministre sera chargé de négocier a minima un accord pour éviter la censure et faire adopter un budget pour 2025.

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Si le patron du MoDem, François Bayrou, fait toujours partie des favoris, le maire de Pau ne fait pas l'uninimité, contesté notamment par une partie de la droite.

Mardi, lors d'une réunion inédite à l'Elysée avec les chefs des communistes, socialistes, écologistes, du camp présidentiel et des Républicains, le président de la République a promis de nommer "dans les 48 heures" le nouveau Premier ministre. Emmanuel Macron se rend jeudi en Pologne, ce qui limite la fenêtre de tir.

Charge ensuite au locataire de Matignon de négocier avec les partis une participation au gouvernement, ou leur soutien à certains textes dont le budget, ou encore, a minima, un accord de "non-censure". Ensuite seulement, il composera son équipe.

Mercredi, en Conseil des ministres, où un projet de "loi spéciale" sur le budget a été présenté pour éviter la paralysie, Emmanuel Macron a cependant constaté que le "socle" de partis qui soutenait Michel Barnier - réunissant le camp présidentiel et la droite - n'avait pu "en l'état" être élargi.

La veille, il avait souligné "sa volonté de ne pas dissoudre" l'Assemblée nationale à nouveau d'ici 2027. Et avait relevé "une unanimité des forces politiques pour ne plus dépendre du Rassemblement national".

La gauche réclame toujours que l'un des siens soit nommé à Matignon et s'est engagée à ne pas utiliser le 49.3 pour faire adopter des lois sans vote si, en échange, les opposants s'engagent à ne pas censurer.

"Un engagement ahurissant, un contournement de la Constitution", a réagi Marine Le Pen (RN), "pas mécontente" d'être mise à l'écart. A ce stade, les Français ne semblent pas lui en tenir rigueur: un sondage Ifop-Fiducial la crédite de plus de 35% d'intentions de vote au premier tour de la présidentielle.

- "Inquiets", "en colère", "lassés" -

Mercredi, le président du MoDem semblait conserver sa place parmi les favoris pour Matignon. "Hier, à la fin de la réunion à l'Elysée, François Bayrou était d'un optimisme délirant, il était regonflé à bloc", note un participant.

Reste qu'une partie de la droite lui voue une hostilité certaine, l'ancien Président Nicolas Sarkozy en tête.

Le socialiste Olivier Faure est également réticent, estimant que le maire de Pau incarnerait une "continuité" du macronisme. Il est cependant resté évasif sur l'attitude de son parti si M. Macron nommait le centriste.

De quoi alimenter le procès en trahison déjà lancé par Jean-Luc Mélenchon: "Pas d'accord de coalition! Pas de +non-censure+. Revenez à la raison et à la maison!", a lancé le leader des Insoumis mardi soir.

"Plus Jean-Luc Mélenchon crie, moins on l'entend", a répondu Olivier Faure, accusant LFI d'"affaiblir le collectif" par sa "politique de la chaise vide".

Si ce n'est pas François Bayrou, les noms des ministres Catherine Vautrin et Sébastien Lecornu circulent toujours dans le camp présidentiel.

Cette attente, une semaine après la censure, laisse les Français inquiets (32%), "en colère" (30%) et lassés (24%), selon un sondage Elabe pour BFMTV publié mercredi. Une large majorité d'entre eux se déclarent favorable (69%) à un accord de non-censure, mais ils sont presque autant (67%) à ne pas croire en la capacité des partis à s'entendre.

- Une loi spéciale consensuelle -

Le nouveau Premier ministre aura pour tâche prioritaire de reprendre la difficile rédaction d'un budget pour 2025, laissé en suspens après l'adoption de la censure.

La "loi spéciale", présentée en Conseil des ministres, n'est en effet composée que de trois articles pour principalement autoriser le gouvernement à lever les impôts et dépenser les crédits sur la base du budget 2024.

Son adoption ne fait guère de doute après son examen lundi à l'Assemblée nationale, puis le 18 décembre au Sénat.

La gauche entend toutefois l'amender pour s'assurer que le barème de l'impôt sur le revenu soit bien indexé sur l'inflation, afin d'éviter qu'un grand nombre de Français voient leur pression fiscale monter.

Mais le Conseil d'Etat a estimé mardi que cette disposition n'avait pas sa place dans une loi spéciale et devra donc être adoptée dans le cadre du budget 2025, avant les déclarations de revenus faites au printemps. "Un avis très clair", a estimé le ministre démissionnaire des Comptes publics, Laurent Saint-Martin.

L.Guglielmino--PV