"Derniers réglages" en cours pour la composition du gouvernement Bayrou
Le président Emmanuel Macron et son Premier ministre François Bayrou se sont entretenus deux fois dimanche, dans la perspective de nommer rapidement un gouvernement, à deux jours seulement des fêtes de Noël.
Le Premier ministre est "en train d'effectuer les derniers réglages", a précisé son entourage, alors que le président est rentré dimanche matin d'une tournée de trois jours à Bruxelles, Mayotte et en Afrique de l'Est.
"Cela avance. (...) La structuration des grands pôles ministériels est fixée", avait assuré samedi soir le président des députés MoDem, Marc Fesneau, dans La Tribune dimanche, confirmant que la liste complète du gouvernement devrait être présentée "en une seule fois" et "avant Noël".
Nommé le 13 décembre, le leader centriste François Bayrou souhaite former une équipe resserrée et la plus ouverte possible.
Chantre du dépassement en politique, il voudrait qu'elle comprenne des personnalités de poids, de gauche comme de droite et du centre, afin de répondre aux urgences qu'affronte le pays, notamment budgétaires.
De nombreux signaux convergent ainsi vers une nomination dans la soirée de dimanche.
Il est en effet peu probable qu'un gouvernement soit annoncé lundi en raison de la journée de deuil national décrétée par le chef de l'État pour les Mahorais dont l'archipel a été dévasté par le cyclone Chido.
Resterait encore mardi, le 24 décembre, juste avant que la France ne plonge dans les fêtes de fin d'année.
- "Recycler" -
Pour se prémunir d'une nouvelle censure, François Bayrou essaie d'attirer dans son gouvernement des personnalités de poids. Les noms de l'ex-Première ministre Élisabeth Borne ou de l'ex-ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sont ainsi évoqués pour entrer dans l'équipe de François Bayrou, tout comme celui de Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France et figure du parti de droite Les Républicains (LR).
"Qui comprend ce que veut faire François Bayrou ? À part recycler ceux qui se sont trompés", s'est agacé le vice-président du Rassemblement national Sébastien Chenu dimanche sur BFMTV, rappelant néanmoins que le parti d'extrême droite n'était "pas parti pour voter une motion de censure immédiate".
A gauche, l'ancien ministre socialiste François Rebsamen, 73 ans, a annoncé dans La Tribune dimanche être "prêt" à rejoindre le gouvernement, vantant sa "relation de confiance" de longue date avec François Bayrou.
Parmi les sortants, Catherine Vautrin (Territoires), Rachida Dati (Culture) et Sébastien Lecornu (Armées) devraient rester, probablement aux mêmes portefeuilles.
Mais rien ne filtre ou presque d'autres personnalités, notamment issues de la gauche.
Le parti socialiste a formellement refusé de participer au gouvernement et son chef Olivier Faure est sorti déçu de Matignon jeudi, se disant "consterné de la pauvreté de ce qui (a été) proposé" et n'excluant pas de censurer le tout nouveau Premier ministre, allié de la première heure d'Emmanuel Macron.
Après avoir rencontré les partis et groupes parlementaires un par un, puis tous ensemble, le Premier ministre a dû faire face à plusieurs obstacles pour se démarquer des choix opérés par son prédécesseur, Michel Barnier, tombé le 4 décembre sur une motion de censure de l'Assemblée nationale.
- "Tout sauf confortable" -
Les Républicains ont de leur côté tardé à donner leur blanc-seing pour accepter de participer au gouvernement, alors même que François Bayrou a annoncé son intention de maintenir le très droitier ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau.
Mais samedi soir, après avoir échangé avec François Bayrou, le chef des députés LR Laurent Wauquiez a confirmé à ses troupes qu'il s'orientait vers une participation du parti au gouvernement, moyennant des engagements écrits du Premier ministre "avec des précisions sur la feuille de route" notamment budgétaire.
Évoquant son "cas personnel", Laurent Wauquiez a fait savoir qu'il avait refusé d'entrer au gouvernement, parce que les conditions n'étaient pas réunies pour qu'il prenne le portefeuille du ministère des Finances.
"Rejoindre le gouvernement aujourd'hui est tout sauf confortable", a estimé l'autre homme fort de LR, Bruno Retailleau, dans le JDD. Mais "si la droite ne prend pas ses responsabilités, malgré les assurances reçues sur ses lignes rouges, alors François Bayrou n'aura d'autre choix que de se tourner vers la gauche", a-t-il estimé.
Le Premier ministre entame sa mission avec une cote de popularité historiquement basse, puisque 66% des personnes interrogées pour le baromètre Ifop-Journal du Dimanche s'en disent mécontentes.
F.Dodaro--PV