Le Qatar et les Etats-Unis annoncent un accord sur une trêve à Gaza
Le Qatar et les Etats-Unis ont annoncé la conclusion mercredi d'un accord sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et la libération d'otages, après plus de 15 mois d'une guerre entre Israël et le Hamas qui a fait des dizaines de milliers de morts dans le territoire palestinien.
Israël a néanmoins prévenu que des questions restaient à régler et dit espérer conclure "cette nuit", selon le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
A l'annonce de l'accord, des milliers de Palestiniens ont exulté à travers la bande de Gaza assiégée et dévastée par la guerre déclenchée par une attaque d'une ampleur sans précédent du mouvement islamiste Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
"L'accord entrera en vigueur le dimanche 19 janvier (...) La première phase de l'accord durera 42 jours et comprendra un cessez-le-feu ainsi que le retrait des forces israéliennes vers l'est, loin des zones peuplées", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Doha.
Selon lui, "le Hamas libérera 33 otages israéliens, dont des femmes civiles, ainsi que des enfants, des personnes âgées, des malades civils et des blessés, en échange de plusieurs prisonniers détenus dans les prisons israéliennes".
Le président américain Joe Biden s'est dit "ravi" que les otages seraient libérés après l'accord sur Gaza, précisant avoir travaillé "en équipe" avec le président élu américain Donald Trump sur l'accord.
"Nous avons un accord sur les otages au Moyen-Orient. Ils seront libérés bientôt", a annoncé M. Trump, qui a récemment promis "l'enfer" à la région si les otages n'étaient pas libérés avant son retour à la maison Blanche le 20 janvier.
- "Les vivants et les morts" -
"Les détails concernant les phases deux et trois (de l'accord) seront finalisés lors de la mise en œuvre de la première phase", a-t-il ajouté.
Après plus d'un an de blocage, les négociations indirectes se sont accélérées ces derniers jours via les médiateurs internationaux -Etats-Unis, Qatar, Egypte- avant le retour de M. Trump à la Maison Blanche.
Selon des sources proches des négociations, dans une première phase, 33 otages devraient être libérés, en commençant par les femmes et les enfants, en échange d'un millier de Palestiniens détenus par Israël.
La deuxième phase concernera la libération des derniers otages, "les soldats et les hommes en âge d'être mobilisés", ainsi que le retour des corps des otages morts, selon le Times of Israel.
Un responsable israélien a cependant prévenu mardi qu'Israël ne quitterait "pas Gaza tant que tous les otages ne seront pas rentrés, les vivants et les morts".
- Frappes meurtrières à Gaza -
Mercredi, 27 personnes ont encore été tuées, selon les secours, dans des frappes israéliennes dont l'une a touché une école abritant des déplacés à Gaza-ville.
Une seule trêve d'une semaine avait été observée fin novembre 2023 et les négociations menées depuis s'étaient heurtées à l'intransigeance des deux camps.
L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.210 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées le jour de l'attaque, 94 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée israélienne.
Au moins 46.707 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans la campagne militaire israélienne de représailles dans la bande de Gaza qui a aussi provoqué un désastre humanitaire, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
Selon l'armée, 408 soldats ont été tués au combat.
- 15 ans pour reconstruire -
Déjà minée par un blocus israélien imposé depuis 2007, la pauvreté et le chômage, la bande de Gaza assiégée a été ravagée par la guerre et la grande majorité de ses 2,4 millions d'habitants ont été déplacés et vivent dans des conditions particulièrement dures.
Les Nations unies ont estimé que la reconstruction du territoire prendrait jusqu'à 15 ans et coûterait plus de 50 milliards d'euros.
S'il fait taire les armes, le cessez-le-feu laisse en suspens l'avenir politique du territoire où le Hamas, à présent très affaibli, a pris le pouvoir en 2007.
La guerre à Gaza a relancé l'idée d'une solution à deux Etats, israélien et palestinien, pour régler le conflit israélo-palestinien vieux de plusieurs décennies, défendue par une large partie de la communauté internationale mais à laquelle Israël est opposé.
Israël refuse un retrait total de son armée de Gaza, et refuse que le territoire soit administré à l'avenir par le Hamas ou l'Autorité palestinienne.
P.Colombo--PV