Pallade Veneta - Lutter contre les troubles musculosquelettiques pour une meilleure santé au travail

Lutter contre les troubles musculosquelettiques pour une meilleure santé au travail


Lutter contre les troubles musculosquelettiques pour une meilleure santé au travail
Lutter contre les troubles musculosquelettiques pour une meilleure santé au travail / Photo: PIERRE-PHILIPPE MARCOU - AFP/Archives

Douleurs à l'épaule, au dos, au poignet...: les troubles musculosquelettiques (TMS) représentent la très grande majorité des maladies professionnelles (86%) avec un coût important pour les entreprises, gagnantes lorsqu'elles agissent.

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En 2014, l'Assurance maladie a lancé un programme baptisé "TMS Pros" pour les aider à réduire l’impact de ces troubles. En charge du dispositif, Julien Tonner recense auprès de l'AFP "environ 8.000 entreprises ciblées par saison" (2014-2018 et 2019-2022) avec des problématiques avérées de TMS et de lombalgies.

Certains secteurs comme la grande distribution, la propreté, l'aide et soin à la personne, la logistique ou le bâtiment sont "prioritaires" car la part des TMS dans les maladies professionnelles dépasse les 90%, ajoute l'ingénieur conseil de l’Assurance Maladie – Risques professionnels.

La mise en œuvre du programme, qui entend développer une prévention "durable", est "volontaire" et les entreprises sont alors accompagnées. Elles peuvent bénéficier d'une aide financière pour des diagnostics externes ou l'achat d'équipements.

L'hôpital de Saint-Cloud (Hauts de Seine) de l'Institut Curie, a commencé ce programme "TMS Pros" il y a six ans, explique Alae Bouyarden, en charge de la prévention des risques professionnels.

Il se poursuit même si l'établissement n'est plus dans le viseur depuis plusieurs années: "tous les ans, on cible les secteurs sur lesquels on a des indicateurs forts: problématiques de mal de dos, absentéisme, accidents de travail répétés...".

Après le laboratoire ou la pharmacie, cela a été le cas l'an dernier de la zone de stérilisation des instruments médicaux.

Dans ce local, le matériel de chirurgie arrive via un monte-charge, est rincé, avant d'être mis sous sachet dans une armoire pour partir être stérilisé.

Anasthasie, aide-soignante de 48 ans, explique qu'avec des gestes répétitifs pour laver les instruments au fond d'un évier "en fin de journée, ça tirait sur le dos et sur les épaules, on avait très mal".

Elle a notamment porté des capteurs analysant sa posture pour "voir à quel moment de la journée elle a mal, à quel moment on peut agir", quels moyens matériels ou liés à l'organisation du travail mettre en place, relate Alae Bouyarden.

- "Des femmes cassées" -

Depuis, des travaux ont totalement réaménagé l'espace.

"On nous a installé un rehausseur qui nous aide beaucoup", explique l'aide-soignante. Il s'agit d'une sorte de bac en métal qui permet de moins se pencher, tandis qu'un tapis ergonomique amortit le frottement et favorise la circulation sanguine.

Pour manipuler des boites qui peuvent dépasser les 10 kilos, elle peut aussi utiliser un outil élévateur. Et le monte-charge a été automatisé alors qu'il fallait auparavant garder le pouce appuyé.

"Avec tout ce changement, ça me permet de travailler dans de bonnes conditions", estime Anasthasie, "j'ai beaucoup moins de douleurs".

"On doit à nos collaborateurs de bonnes conditions de travail", dit Alae Bouyarden. Et "on est gagnants. Ça nous évite les coûts indirects: absentéisme, temps alloué à la formation des remplaçants, intégration dans le collectif"...

Outre la "souffrance physique pour les collaborateurs", Valérie Courtinat, cadre de santé du bloc opératoire, qui supervise notamment la stérilisation, observe que les TMS entrainent "beaucoup de dysfonctionnements et d'imprévus au niveau planning".

"Sur des populations vieillissantes, ça devient très problématique. (...) Quand ça fait 20 ans que vous portez des patients, que vous trimballez des boîtes, que vous passez de gros chariots (...), ce sont des femmes qui sont cassées".

En 2017, l'Assurance maladie évaluait le coût direct pour les entreprises à près de deux milliards d'euros.

Pour Julien Tonner, TMS Pros est "un bon moyen de changer la donne en matière de prévention".

Outre les effets directs sur les TMS et lombalgies, "on voit aussi qu'on réduit les accidents du travail au sens global" et l'absentéisme même si cet aspect est "moins facilement évaluable", dit-il.

Une évaluation de TMS Pros réalisée en 2021 fait notamment état d'une baisse de l’indice de fréquence de 8,1% pour les TMS et de 4,5% pour les accidents du travail pour les entreprises ayant validé la dernière étape du programme.

T.Galgano--PV